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Publié par ERASME

Vaste sujet que celui qui consiste à proposer une définition de l'Ethique !

Aussi Regards-citoyens.com propose-t-il un tour d'horizon rapide de quelques essais de définition de cette notion dont l'usage se répand de plus en plus dans un monde qui semble pâtir d'une perte sensible de repères légitimes !

Service diocésain de la Pastorale Santé : " L'éthique est une discipline qui cherche à évaluer les conduites humaines par rapport à un système de valeurs, ou des exigences de respect, de promotion de l'humanité. L'éthique est une recherche de sens : Quel sens cette décision, cet acte a pour ma vie ? L'éthique a une dimension subjective, elle traite du "bon" ou du "mauvais" considérés comme valeurs relatives. Elle est fonction des situations, des personnes, des habitudes. Elle est centrée sur le sujet. L'éthique traite de situations singulières, concrètes, portées par une histoire et sa signification à un moment donné, dans un contexte spécifique. C'est pourquoi en éthique il n'y a jamais de réponse pré-établie, à chaque situation sa réponse propre: "qu'est-ce qui est le mieux pour cette personne en ce moment". Mais au nom de quoi va-t-on décider si tel acte est bon ou mauvais ? Les communautés Mondiale, Européenne, Française, se sont données des repères qui sont : des Déclarations, des Conventions, des Lois, des Chartes, des Codes de Déontologie. De même les grandes religions du monde donnent des repères. L'Éthique a pour centre de préoccupation : l'HOMME. Elle cherche en permanence ce qui est le meilleur pour la personne. "

Source : http://www.catholique95.com/sante/presentation.php?identifiant=509ethique

 Jean-Michel Cornu : " L’éthique se donne pour but de dire comment les hommes doivent se comporter. Elle vient du grec ethos qui signifie moeurs, habitudes. La morale vient du terme mores (moeurs en latin). Ce mot a souvent mauvaise presse, comme l’illustre la connotation négative de l’expression « faire la morale ». Elle peut être fondée par une religion, un système idéologique, mais aussi par un ensemble de choix rationnels basés sur la tradition ou la culture.

L’éthique et la morale recouvriraient donc des domaines similaires, l’utilisation du premier mot permettant de faire oublier la connotation « moralisatrice » du deuxième. Plus récemment, des auteurs ont utilisé les deux termes pour distinguer des approches différentes.

Edgar Morin utilise le terme « morale » « pour nous situer au niveau de la décision et de l’action des individus » alors que l’éthique s’intéresse à ce qui est bien pour un individu, une espèce ou une société. Pour Suzanne Rameix, « nous nous heurtons à des conflits de biens contradictoires : c’est entre plusieurs biens qu’il faut choisir, et non pas entre le bien et le mal […] Toutes ces questions conduisent à des conflits de devoir. » L’abandon de la notion de bien absolu conduit donc à des conflits dont la résolution – comme nous l’avons vu précédemment – nécessite une position qui fait appel à des capacités cognitives différentes, la pensée-2.

Une autre distinction intéressante peut se faire entre un ensemble de règles et de normes sociales propres à un groupe – appelé dans ce cas morale – et la réflexion consciente et critique à propos de la moralité des actions – appelée dans ce cas éthique. Lorsque cette approche est basée sur l’expérience du réel plutôt que sur les convictions et les idéologies, on parle d’éthique pragmatique.

Il existe enfin trois grands courants en tension :

L’éthique de la vertu ou de la grandeur morale recherche les actions qui rendent l’homme bon. Elle s’appuie sur la pensée d’Aristote qui est dominée par l’idée de finalité : le bien est la finalité ultime de l’univers. Il s’agit donc d’une approche individuelle, mais aussi d’une approche téléologique, c’est-à-dire qui s’attache à la finalité. Elle s’intéresse au caractère moral de l’homme.

Le conséquentialisme s’intéresse avant tout aux conséquences des actes. Une action moralement juste est donc une action dont les conséquences sont bonnes. Il s’agit donc également d’une démarche téléologique, qui ne s’occupe pas du caractère moral de l’homme mais qui cherche à maximiser le bien et le bonheur, ou à minimiser le mal et le malheur. Suivant le but poursuivi, il existe donc plusieurs formes de conséquentialisme :

- L’utilitarisme, développé par le philosophe britannique Jeremy Bentham, puis par John Stuart Mill, recherche le plus grand bonheur pour le plus grand nombre (principe d’utilité).

- L’égoïsme, qui est la recherche du plus grand bien pour soi-même, est également une forme de conséquentialisme. Il s’agit cependant d’une théorie descriptive, qui décrit ce qui est, plutôt que d’une théorie normative, qui indique ce qui doit être. Certains, comme la philosophe Ayn Rand, affirment que si chacun poursuit des buts égoïstes, il en résulte finalement les meilleures conséquences pour tout le monde. Mais l’utilitarisme et l’égoïsme se retrouvent opposés lorsqu’il y a conflit d’intérêts entre soi et le plus grand nombre. C’est ce que démontre, dans la théorie des jeux, le « dilemme du prisonnier » qui a été formalisé en 1950.

- L’éco-éthique considère que la vie s’évalue, elle-même, comme bonne, car elle est un système de résistance à la mort. Il faut donc minimiser les risques de disparition de l’humanité. Il s’agit d’un « conséquentialisme négatif » qui cherche non pas à promouvoir les bonnes conséquences, mais plutôt à réduire les mauvaises – par exemple, minimiser les souffrances plutôt que de maximiser les plaisirs. Le philosophe allemand Hans Jonas a ainsi proposé un « principe de responsabilité » qui a inspiré notre principe de précaution entériné, en 1992, dans la convention de Rio de Janeiro. Mais pour le Français Jean-Pierre Dupuy, philosophe des sciences, ce principe suppose que nous savons exploiter notre maîtrise technique de la Nature en nous fondant sur une rationalité morale, ce qui n’est pas le cas. Il propose à la place un « catastrophisme éclairé » qui imagine un scénario du pire, suffisamment catastrophique, pour que nous soyons tous d’accord pour ne pas le vouloir, et suffisamment crédible pour nous inciter à tout faire pour qu’il ne se produise pas.

- Le contextualisme du philosophe anglais Bernard Arthur Owen Williams s’intéresse aux rapports que l’individu entretient avec la société à laquelle il appartient. La réponse à la question « comment doit-on vivre ? » dépend donc du contexte culturel.

Le déontologisme, pour sa part, considère que tout n’est pas permis pour atteindre le bien. On doit agir en respectant certains principes. Par exemple, l’éthique médicale, qui définit un ensemble de principes (le serment d’Hippocrate), est une approche déontologique. Il s’agit d’être juste, avant même de produire le bien : certaines actions, même si elles conduisent au plus grand bien, sont immorales par nature. Il appartient à l’homme de fonder une morale indépendante de la religion ou de concepts absolus qui lui seraient extérieurs. Emmanuel Kant a défini une morale du devoir en considérant que notre liberté vient de ce que nous obéissons à une loi que nous nous sommes nous-mêmes imposée. Il existe plusieurs approches du déontologisme :

- L’autonomie pluraliste de Hans Tristan Engelhardt considère qu’il existe plusieurs principes à respecter – contrairement à Kant qui considère qu’il existe une « loi morale » unique (1). L’éthique est une négociation sur les conflits engendrés par les contradictions entre les règles. Ainsi par exemple, dans le traitement de la toxicomanie, le principe de bienfaisance (fais le bien aux autres) peut aller à l’encontre du principe d’autonomie (n’impose pas le bien aux autres).

- La théorie de la justice du philosophe américain John Rawls est le titre d’un ouvrage de philosophie à la fois politique et morale, qui a connu un énorme retentissement. Rawls réactualise le contrat social en expliquant que c’est l’équité de la procédure même d’élaboration des principes qui déterminera leur justice. Il prend l’exemple d’un jeu où les joueurs inventeraient les règles pour vivre ensemble, mais en ne sachant pas à l’avance la place que chacun occupera ensuite dans la société. Rawls définit ainsi deux principes hiérarchisés qui permettent de construire une loi juste : le principe d’égale liberté (chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous, compatible avec le même système pour les autres) et le principe de différence (les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon qu’on puisse raisonnablement s’attendre à ce qu’elles soient à la fois imputées à chacun et attachées à des positions et des fonctions ouvertes à tous).

- L’éthique de la discussion du philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas considère que l’argumentation fonde la norme morale. En effet, dans une discussion, nous exigeons de nous-mêmes et des autres le respect d’un ensemble de règles de grammaire, de logique et de cohérence. Il s’oppose à Rawls sur le fait que ce n’est pas un ensemble de principes qui fonde la légitimité de la norme morale mais le principe même de la discussion (2). Habermas a cependant lui-même relativisé cette approche du fait de la rationalité limitée dans les échanges d’arguments.

Ces distinctions conduisent certains auteurs, comme Paul Ricoeur, à appeler « morale » l’approche déontologique basée sur des normes et des obligations, et « éthique » l’approche téléologique, basée sur la finalité, qui cherche les actions estimées bonnes.

Mais le conséquentialisme ne prend pas en compte les effets imprévus des actions, et la déontologie impose une démarche rationnelle pour construire les principes qui seront utilisés. Or nous ne sommes pas des

êtres totalement rationnels, comme l’a démontré l’économiste Daniel Kahneman, prix Nobel d’Économie en 2002. Il est donc nécessaire d’articuler ces différentes approches. Ainsi, le philosophe américain Robert Nozick, bien qu’il soit conséquentialiste et considéré comme un des principaux théoriciens du mouvement libertarien, réintroduit-il des « contraintes latérales » inviolables qui restreignent les types d’actions permises (3).

L’éthique est souvent confondue avec le juridique. Mais, si l’éthique fait appel à ce qu’Emmanuel Kant nommait la « bonne volonté », le juridique intervient dans les cas où celle-ci ne suffit pas ou n’est pas présente et il fixe des repères à l’action des hommes en société. Nous avons donc :

d’un côté, l’approche éthique qui implique un choix volontaire de la personne et des jugements de valeur, éventuellement avec des règles qui permettent avant tout une autorégulation ;

et de l’autre, une réglementation produite par le pouvoir d’un État souverain qui encadre un comportement sous la menace de sanctions. La réglementation a également pour but de garantir des valeurs, mais elle s’appuie sur un arbitrage extérieur qui ne peut se fonder que sur des jugements de faits.

Il s’agit donc de deux approches complémentaires : l’éthique nécessite un choix volontaire personnel et le droit est limité par la capacité à juger de l’extérieur des valeurs. Mais l’éthique individuelle ne peut faire l’impasse sur le droit collectif, tout comme le droit est inspiré par des principes qui s’appliquent à chacun. Comme l’a montré le collectif franco-québécois Corévi (Coopération en réseau via internet), la régulation doit prendre en compte différentes approches : réglementation, autorégulation et régulation par les architectures techniques.

Cette branche de la philosophie que nous avons vue, et qui consiste à classer les actions comme plutôt justes ou injustes, est appelée éthique normative. Elle se distingue de l’éthique descriptive, qui n’est pas une philosophie, et se base sur l’observation des choix effectués par une société ou une culture. On peut également y ajouter les éthiques appliquées à un domaine particulier (éthique des affaires, bioéthique, éthique médicale, éthique de l’environnement, etc.) et la méta-éthique qui analyse les concepts fondamentaux de l’éthique (le bon, le juste, etc.).

Il existe de nombreux travaux sur l’éthique appliquée aux nouvelles technologies. Ils feront l’objet d’une présentation détaillée dans une future version de ProspecTIC. [...]. "

Extrait de ProspecTic, nouvelles technologies, nouvelles pensées, FYP Editions, 2008. Si vous souhaitez lire l’intégralité de ProspecTic, vous pouvez le commander à votre libraire, sur Amazon, sur le site de la Fnac ou via Place des libraires par exemple.

Source : http://www.internetactu.net/2008/12/12/prospectic-1112-quest-ce-que-lethique/

Pour Anne Merker : " L'éthique est, au sens propre, l'étude du caractère, èthos en grec. Chez Aristote, le caractère résulte d'un jeu entre le désir et la raison. Il s'agit alors de subordonner harmonieusement l'un à l'autre. Il n'est pas de domaine de l'activité humaine qui ne soit aujourd'hui pénétré de considérations éthiques. L'éthique est dans toutes les bouches et à toutes les sauces. Quant à savoir ce qu'elle est, on s'en tient à une notion bien vague. « Éthique » fait partie de ces mots dont la fortune est immense, et le sens originel ignoré. Peu se doutent que parler d'éthique, outre que c'est parler grec, c'est pratiquer Aristote peu ou prou. Car sans Aristote, notre pensée courante et moderne n'userait pas du terme éthique pour parler de morale, de même que sans Platon, le terme « idée » serait absent des multiples langues dans lesquelles il a essaimé pour désigner le contenu de nos pensées. L' èthos au coeur de l'humanité. L'« éthique », hè èthikè , sous-entend « étude », pragmateia , et c'est littéralement une étude qui concerne l' èthos . L' èthos est le caractère, la manière d'être habituelle, et partant, les moeurs d'une personne ou d'un peuple. L'éthique est donc l'étude des caractères, ou des moeurs, et l'adjectif « éthique » signifie généralement « qui touche au caractère, aux moeurs ». Nous sommes là en deçà de l'acception moderne du terme « éthique », empreint de dignité et pointant vers des considérations élevées relevant de la morale en ce qu'elle a de plus exigeant. C'est donc simplement... " (cf. Magazine Littéraire n°472 - 01/02/2008 ) 

Source : http://www.magazine-litteraire.com/content/recherche/article?id=38

 Pierre Hadot : "  Quand j’entends le mot « éthique », je suis un peu perplexe, en ce sens que le mot « éthique » implique une appréciation concernant le bien et le mal des actions, ou alors des gens, ou des choses. [...] Tout ça n’est pas tellement « éthique ». [...] On pourrait dire que [l'Ethique] c’est la recherche d’un état ou d’un niveau supérieur du moi. Ce n’est donc pas seulement une question de morale. [...] À propos de l’éthique kantienne, qui est bien au coeur du problème, je serai quand même plus nuancé. J’ai tendance, peut-être d’une manière erronée, à interpréter Kant d’une manière moins rigide qu’on ne le fait d’habitude. J’ai cité très souvent la formule de Kant : agis de telle manière que la maxime de ton action, c’est-à-dire ce qui dirige ton action, puisse être une loi universelle de la nature. Évidemment, la formule n’est pas très alléchante aujourd’hui, mais ce que j’y vois, c’est justement la volonté de l’universalité. L’un des secrets de la concentration sur le moment présent, qui est aussi un « exercice spirituel », c’est la volonté de se mettre dans une perspective universelle. [...] "

Source : 

 http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=CITE&ID_NUMPUBLIE=CITE_005&ID_ARTICLE=CITE_005_0127

Le lecteur pourra poursuivre ses investigations sur ce sujet en rejoignant le débat autour de cette question ouvert à l'adresse suivante : http://forums.futura-sciences.com/ethique-sciences/43078-quest-lethique.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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A
Being ethical is also not as same as following the law. The law often incorporates ethical standards to which most citizens subscribe. But laws like feelings can deviate from what is ethical. Keep sharing these sorts of interesting and innovative articles.
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