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Publié par Patrice Cardot

Pour la première partie de cet article : Réviser en profondeur la stratégie européenne de sécurité ! De la méthode (1)

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Le statut comme le contenu actuels du document présenté comme établissant la stratégie européenne de sécurité procèdent indubitablement des limites à la fois du jeu intergouvernemental stricto sensu et du choix des protagonistes qui ont présidé à son établissement.

Il ne s’agit pas de porter la critique sur un registre qui n’a pas lieu d’être ! Mais de voir les choses en face, avec lucidité ! A force de se voiler la face, l’Union européenne voit se dégrader très fortement ses principaux indicateurs …. !
Comment les diplomaties nationales, les états-majors militaires nationaux, comme les think tanks et groupes d’intérêts qui leurs sont peu ou prou attachés auraient-ils pu spontanément ouvrir leurs propositions à des défis vis-à-vis desquels ils ne se trouvent de jure et/ou de facto pas « en première ligne » dans leur traitement ?

L’absence, ou la présence en retrait – ce qui revient au même -, dans les différents processus d’établissement et d’actualisation de la stratégie européenne de sécurité des représentants – légitimes parce que concernés au premier chef – des institutions nationales et européennes spécialisées qui oeuvrent sur les champs économiques, financiers, monétaires, technologiques, écologiques, etc., comme des directions générales de la Commission européenne qui oeuvrent sur les mêmes registres n’a pas permis d’élargir et de rehausser le regard porté sur les défis stratégiques et pour la sécurité auxquels l’Union se doit d’apporter des réponses efficaces, seule ou avec des tiers. Elle a de toute évidence participé à laisser à la porte de l’édifice les réflexions et analyses qui font aujourd’hui étonnamment défaut à ce document de portée stratégique.

Les Etats membres ne peuvent plus se permettre de jouer double jeu quant au rôle qu'ils veulent assigner à l'Union européenne en matière de sécurité.(cf. Les Etats européens n'ont pas d'autre alternative que de poursuivre la construction européenne en faisant rapidement de l'UE un véritable acteur politique "global" (1) ainsi que Les Etats européens n'ont pas d'autre alternative que de poursuivre la construction européenne en faisant rapidement de l'UE un véritable acteur politique "global" (2) ).
Le Traité de Lisbonne est désormais là ! Sa paralysie momentanée ne peut plus servir de prétexte ni à l'inaction ni à une fuite en avant dans les bras du grand ami, partenaire et allié nord américain, surtout après avoir autant dénoncé ses responsabilités, ses erreurs et ses fautes au cours de ces dernière années !
Désormais, le Conseil européen, qui dispose d'un président permanent, est désigné comme l'institution européenne en charge de la définition des objectifs et intérêts stratégiques de l'Union. C'est incontestablement l'institution politique clé pour dégager une vision stratégique, dessiner des orientations stratégiques, initier des réformes et statuer sur un registre comme celui qui est au centre des préoccupations de la série d'articles que Regards-Citoyens consacre à la révision en profondeur de la stratégie européenne de sécurité (cf. à cet égard l'article intitulé Vers une transformation radicale et un rôle accru du Conseil européen ainsi que les articles auxquels il renvoie).
Le Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité se voit également désigné pour prendre une place centrale dans la définition de ces mêmes objectifs et intérêts (cf. Traité de Lisbonne : le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (1) ainsi que Traité de Lisbonne : le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (2)). S'il n'est plus simultanément Secrétaire général du Conseil, il dispose d'un statut privilégié au sein de la Commission européenne comme au sein du Conseil européen.
Le Conseil "Affaires générales" est appelé à jouer un rôle central dans la recherche des synergies nécessaires (cf. Du rôle politique du CAG dans la préparation et le suivi des travaux du Conseil européen).
La Commission dispose d'un pouvoir d'initiative dont elle doit oser faire usage y compris sur les registres stratégique et sécuritaire (cf. Le droit d'initiative de la Commission européenne). Son président, qui est membre du Conseil européen, dispose d'un positionnement sans équivalent au sein de l'Union qui le place en situation d'arbitrage et de pilotage global. D'autant plus d'ailleurs qu'il dispose à ses côtés d'un secrétariat général de la Commission qui constitue le point focal de toutes les initiatives et propositions de cette très importante institution européenne (cf. Du rôle central du secrétariat général de la Commission européenne dans le fonctionnement de l'Union dès la mise en oeuvre du traité de Lisbonne) dont les décisions collégiales n'ont pas d'équivalent dans les capitales. En outre, la très grande majorité des défis globaux auxquels l'Union doit apporter des anticipations et des réponses appropriées, y compris en prenant appui sur les institutions et organisations internationales ou multilatérales compétentes, recouvrent des registres qui revèlent de sa compétence, tout au moins, en bonne partie.
Le Parlement européen qui dispose désormais de pouvoirs importants tant en matière de relations internationales que de sécurité, quand bien même le processus décisionnel attaché à la PESC le laisse - apparemment - à l'écart, par sa capacité à proposer des analyses et débats thématiques de nature inter ou transsectorielle, apparaît désormais comme un acteur important dans les processus d'analyse et de débat stratégiques.
Sur la base de ce constat, un schéma novateur est possible pour revisiter la stratégie européenne de sécurité sur des bases nouvelles qui effacent les lacunes graves déplorées dans d'autres articles de ce blog (cf. notamment  Réviser en profondeur la stratégie européenne de sécurité ! De la nécessité et de l'urgence (1) ainsi que Réviser en profondeur la stratégie européenne de sécurité ! De la nécessité et de l'urgence (2) )
S'il est une stratégie de l'Union européenne dont les objectifs, les orientations comme les principes auraient mérité d'être mieux connus des citoyens de l'Union, comme des décideurs politiques, parlementaires, fonctionnaires, diplomates, universitaires et autres agents économiques, financiers et sociaux qui parlent tous les jours du développement durable sans y faire référence et surtout, sans nécessairement inscrire leur discours et leur action dans ce cadre stratégique fondateur, c'est bien celle que l'Union européenne a adoptée, après révision d'une première esquisse, en faveur du développement durable en juin 2006.
Les critiques à l'égard de textes communautaires jugés incompréhensibles, fades, inspirés par aucune vision, établie sans aucune méthode, ne répondant à aucun corpus de principes directeurs véritablement opérationnels, ne sauraient avoir de prise sur le document établi à cette occasion et que Regards-citoyens a choisi de mettre à la disposition de ses lecteurs. strategie_revisee_UE_developpement_durable-st10117.fr06.pdf strategie_revisee_UE_developpement_durable-st10117.fr06.pdf
Dans l'article intitulé La stratégie révisée de l'Union européenne pour le développement durable, le lecteur pourra découvrir les objectifs clé établis dans ce cadre, ainsi que les principes directeurs des politiques auxquelles il renvoie.

Il me semble qu'il serait de bonne politique que le Conseil européen, sur l'initiative de son président permanent, requiert du Conseil et de la Commission d'oeuvrer ensemble à la révision de la stratégie européenne de sécurité en prenant exemple sur ce document de référence.
Après quoi, un débat public doit être engagé en Europe pour permettre aux citoyens européens, comme aux experts, de s'approprier un questionnement au fond sur ce que l'Union politique comme l'Union stratégique emportent comme exigences et comme promesses.
Alors, et alors seulement, l'Union européenne pourra arrêter ses véritables priorités autant pour sa politique étrangère que pour sa politique de sécurité, et faire face aux interrogations légitimes de ses citoyens et de ses partenaires internationaux lorsqu'elle entreprendra d'agir sur le double registre stratégique et de la sécurité !

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