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11 Juin 2012
Les relations étroites entre monde politique et monde économique favorisent la corruption et nuisent à la stabilité économique en Europe, déplore Transparency International à l'occasion de la présentation de son rapport annuel sur l'étendue de la corruption en Europe.
Cette ONG a étudié les tendances et mesures de lutte contre le phénomène dans 25 pays et observé notamment que les pays du sud de l'Europe les plus menacés par la crise (Grèce, Portugal, Espagne, Italie) continuent de présenter de sérieuses défaillances en ce qui concerne " l'intégrité ", en particulier dans leur fonction publique ; ces pays souffrent par ailleurs d'une corruption quasi structurelle et de pratiques douteuses qui restent insuffisamment sanctionnées.
Dans son rapport, l'ONG relève également que la plupart des nouveaux Etats membres de l'UE ont progressé en matière de lutte contre le phénomène, en observant toutefois que la Bulgarie et la Roumanie, dont l'entrée dans l'espace Schengen pourrait être décidée en septembre prochain, constituent les deux mauvais élèves des nouveaux entrants et continuent de présenter des faiblesses dans leur arsenal anti-corruption.
Ce rapport met également en lumière, d'une manière générale, " un déficit de transparence dans les prises de décisions et le financement des partis politiques ", plusieurs pays étant concernés par ce problème. Ainsi l'ONG note-t-elle que les pays du nord de l'Europe, comme la Suède, l'Allemagne, la Finlande ou encore le Royaume-Uni disposent d'instruments juridiques efficaces pour lutter contre le phénomène et d'agences dédiées à la lutte contre ce dernier. Elle remarque pourtant que ces très bons élèves européens ne sont pas totalement prémunis contre les risques de corruption, la Suède (comme la Suisse) n'ayant pas de réglementation contraignante sur le financement des partis politiques, tandis que les systèmes de financement des partis politiques au Danemark, en Allemagne ou au Royaume-Uni " sont loin d'être exemplaires ".
Le rapport souligne encore que 19 pays sur les 25 étudiés " n'ont toujours pas réglementé les activités de lobbying et seulement 10 d'entre eux interdisent totalement les contributions politiques non déclarées ". " En Europe, nombre d'institutions qui caractérisent une démocratie et permettent à un pays de combattre la corruption sont plus faibles que ce que l'on croit. Ce rapport soulève des questions préoccupantes à un moment où l'Europe a besoin d'une culture politique de transparence pour sortir de la crise économique ", souligne Cobus de Swardt, le directeur exécutif de Transparency International.
L'ONG relève encore dans son rapport que les partis politiques, les entreprises et la fonction publique sont les institutions les moins performantes en matière de lute contre les pots-de-vin et les mauvais agissements tandis que les cours des comptes, les médiateurs et les organes chargés de l'organisation des élections sont les meilleures. Trop de gouvernements ne rendent par ailleurs " pas suffisamment compte de leurs agissements en matière dee finances publiques et contrats publics, alors même que ces derniers représentent 1800 milliards d'euros chaque année dans l'UE ".
Parmi les autres risques de corruption identifiés, dit encore le rapport, 12 pays ne prévoient pas de plafonnement pour les contributions politiques individuelles et 17 pays ne disposent pas de code de conduite pour les parlementaires. L'an dernier, lors du lancement de la stratégie européenne de lutte contre la corruption dans les 27 Etats membres, qui se traduira par un premier rapport de la Commission sur le sujet en 2013, la Commissaire européenne compétente, Cécilia Malmström, avait indiqué sur son blog que le phénomène restait un problème pour l'ensemble des Etats membres et que si tous les 27 étaient vus comme un seul pays, l'UE aurait été classée en 30ème position mondiale, juste au-dessus du Botswana et de Porto Rico.
Le coût de la corruption dans l'UE est estimé à 120 milliards d'euros par an, soit 1 % du PIB total de l'UE (équivalent du montant d'un exercice budgétaire annuel de l'UE).
Source : Agence Europe