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11 Novembre 2012
Géopolitique de la Syrie. Romain Aby recueille pour le Diploweb.com les analyses de la géopolitologue Isabelle Feuerstoss. La chercheuse revient sur la stratégie du régime de Bachar el-Assad durant les premiers mois de contestation ainsi que sur l’enlisement et la militarisation du conflit. Mme Feuerstoss interroge également les différentes hypothèses couramment évoquées, que ce soit dans le cadre d’une résolution politique ou d’une intervention militaire en Syrie. Le poids des représentations, le traitement médiatique parfois partiel et les nombreux acteurs impliqués doivent nécessairement être pris en compte dans une réflexion sur une résolution du conflit.
Isabelle Feuerstoss offre donc des clés de lecture qui aident à une meilleure compréhension de la crise syrienne.
LA SPIRALE de violence en Syrie semble sans fin. Alors que l’ONU décompte plus de 20 000 morts [1] depuis le début de la contestation en 2011 et que la Syrie est devenue un vaste champ de bataille, il est très difficile d’envisager une sortie de crise à court terme voire à moyen terme. La situation a atteint un tel stade de non-retour qu’une des hypothèses, la moins dramatique en termes de nombre de morts serait que l’actuel vice-président syrien, Farouk al-Chareh, soit désigné par Bachar al-Assad comme son successeur. La nomination de cette personnalité à la tête d’un gouvernement transitoire serait une évolution non négligeable pour les Syriens, puisqu’il est sunnite et originaire de Deraa, d’où est parti le soulèvement syrien. De plus, il n’a pas pris part à la répression. Il vit depuis le début de la crise sous la surveillance rapprochée de généraux alaouites qui lui ont réduit toute marge de manœuvre. Adepte de la négociation, il peut compter pour son éventuelle nomination sur de nombreux soutiens étrangers dont les Turcs et les Français. Néanmoins, le régime de Bachar al-Assad ne semble pour l’instant pas prêt à une telle évolution.
Parmi les autres hypothèses envisagées, il y a indéniablement la possibilité d’un coup d’État interne par des généraux alaouites. Bachar al-Assad et son cercle rapproché ont pris en otage tous les hauts responsables (militaires alaouites) du régime syrien. Or il semble primordial de rappeler que la réponse exclusivement répressive n’a jamais fait l’unanimité, y compris au sein de ce cercle. Les nombreuses dissensions internes ne doivent pas être écartées du débat, j’en veux pour preuve les nombreux attentats au cœur même des instances du pouvoir. Ces actions ont probablement atteint un tel degré de précision grâce à la collaboration d’agents internes proches du pouvoir. En effet, ces dissidences qui ne s’expriment pas publiquement pour des raisons de sécurité bien évidentes, s’illustrent dans les actes sur le terrain. Le scénario d’un coup d’État interne est possible mais qui dit coup d’État interne dit alliance avec des acteurs externes. Souvent ce sont des alliances imbriquées et complexes, avec l’appui d’une puissance régionale elle-même alliée à une puissance internationale. Il y a donc un réel problème qui consiste dans la création d’un consensus régional pour un gouvernement de transition en Syrie.
Les deux hypothèses citées précédemment semblent les plus à même de correspondre à la spécificité du cas syrien dans son état actuel. Ces options de sortie de crise permettraient également de ne pas susciter la peur de la communauté alaouite qui peut se sentir mise en danger au moment de la chute du régime. À ce titre, la désignation du cheikh sunnite radical al-Arour comme icône du Conseil militaire de la révolution n’est certainement pas la tactique la plus heureuse pour unir tous les Syriens dans un projet national.
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Voir la suite de cet article : http://www.diploweb.com/Syrie-relecture-de-la-crise.html
Voir également : Syrie, l'incroyable capacité de résistance du régime d'Assad, par Alain Chouet (Marianne)