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Publié par ERASME

"Les adolescents qui n’ont pas de téléphone intelligent sont aujourd’hui devenus une minorité que l’on regarde étonnés, comme appartenant à un monde en voie de disparition. Nous leur avons donné l’exemple d’adultes pour qui chaque activité quotidienne s’accompagne désormais du déverrouillage de notre téléphone. Comme si nous ne pouvions plus faire quoi que ce soit sans passer par un écran. Comme si nous n’étions rien sans cette technologie souveraine. Un véritable tech-sistence où le technologique gouverne désormais notre être au monde et aux autres, jusqu’à nous-mêmes [...] Doit-on continuer à les distraire de leur enfance en les poussant toujours plus à la mettre en scène, à l’esthétiser et à la partager ? Comment alors s’étonner de voir des jeunes filmer et partager en live leur vie intime et sociale ? Comment le professeur d’arts plastiques peut-il ne pas considérer comme une conséquence logique de cette hyperconnexion leur demande de se connecter à Internet pour trouver une idée de production plastique ? Comment s’outrer de les voir adeptes de la culture YouTube lorsque l’Éducation nationale encourage ses enseignants à s’en servir comme dispositif pédagogique, et lorsque nous-mêmes nous bénissons les tutos publiés sur le site de streaming et nous ruons sur Wikipedia et consorts à la moindre occasion ? [...] De ce numérisme, ce sont nos enfants qui en paient le prix fort. Eux qui ne savent plus ni s’ennuyer, ni donner libre cours à leur imaginaire. Eux que l’on équipe d’objets connectés avant même qu’ils ne sachent parler et dont on gère les colères et frustrations en leur faisant scroller toujours plus tôt photos et vidéos sur l’écran de notre téléphone ou de notre tablette, véritables doudous numériques toujours à portée de poussette. Eux dont on utilise la spontanéité pour promouvoir des produits ou faire la promotion d’une vie de famille trépidante sur des vlogs postés sur YouTube. Eux dont on traque chaque navigation sur Internet et que l’on piste dans le monde physique grâce à des GPS intégrés à leur montre ou à leur téléphone. Eux que l’on surinforme des risques de cyberharcèlement, de viol et de réchauffement climatique grâce à des campagnes de sensibilisation qui, si nécessaires soient-elles, contribuent à en faire une génération plus suspicieuse et désenchantée que jamais."

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