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Publié par ERASME

L'homme est-il à la hauteur des techniques qu'il produit ? Et l'obsolescence pouvait s'étendre à l'homme, que resterait-il de notre monde ?

C’est une philosophie de la technique qui constitue le fil rouge de la pensée de Günther Anders. Ses réflexions sur la bombe atomique, centrales dans sa vie et dans son œuvre, en sont la conséquence.

Au cœur de cette pensée, L’Obsolescence de l’homme, dont le premier tome a paru en 1956 et le second en 1980, et deux grands concepts, le décalage et la honte prométhéens.

Comment penser la technique alors que ses effets, comme moyens, dépassent ses fins et ce que nous pouvons nous en représenter ? Et comment penser la technique alors que son omniprésence s’immisce dans la moindre de nos actions et nos pensées ?

Ces interrogations, ce sont aussi les nôtres et c’est bien la raison pour laquelle Günther Anders s’impose comme un penseur incontournable pour saisir la condition qui est la nôtre aujourd’hui. Eclairage avec nos invités Edouard Jolly, chercheur en théorie des conflits armés et philosophie de la guerre, et Rareș Badescu, chercheur en philosophie.

Qu'est-ce que l'obsolescence ?
"L’obsolescence peut être définie à partir de la conception marxiste entre valeur d’usage et valeur d’échange. Quand on est obsolète, on n'a plus de valeur d’usage, on ne parvient plus à démontrer notre utilité sociale, on ne sert plus à rien. On a encore éventuellement une valeur d’échange, une valeur esthétique. On peut donc entendre l'obsolescence comme une antiquité qui serait vendue dans un magasin et qu'on achèterait par nostalgie. C'est là qu'Anders utilise les exemples les plus durs comme les chômeurs ou les rebuts. Derrière cette pensée de la technique, il y a une critique sociale : notre politique est conditionnée par notre rapport technique au monde." Edouard Jolly
Quand c'est l'homme lui-même qui devient obsolète
"Aux yeux d’Anders, chaque révolution industrielle agit comme une accentuation de l’obsolescence, elle-même accentuation du décalage. La première révolution industrielle est marquée par la production de produits. L’homme devient obsolète parce qu’il produit moins que les machines qu’il a lui-même créées : c'est une obsolescence par rapport à la production. La seconde révolution industrielle est marquée par la production de besoins. L’homme ne peut plus consommer tous les produits qu’il a lui-même produit et doit donc créer des besoins : c’est une obsolescence par rapport à la consommation. Dans la troisième révolution industrielle, on produit des cadavres, de la destruction. L’homme peut alors être amené à complètement disparaître." Rareș Badescu
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