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Publié par Jean-Guy Giraud

L’arrivée (annoncée) d’un gouvernement populiste, anti-européen et pro-russe en Slovaquie pourrait bien être la goutte d’eau qui menace de faire déborder le vase - ou la dernière paille qui casse le dos du chameau ... - européens. 
À l’Est, un vent mauvais
La situation à l’Est de l’Union n’avait jamais été aussi dégradée depuis le grand élargissement de 2004/2007 : 4 des 10 anciens États communistes admis en blocs dans l’UE constituent à présent ensemble une sorte de zone grise qui tend à se désolidariser de plus en plus de Bruxelles, à remettre en cause les principes sur lesquels est fondée l’UE et, finalement, à gêner son fonctionnement et menacer son unité.
La Slovaquie rejoint à présent officiellement la Pologne, la République Tchèque, et la Hongrie dans le « camp » des États euro-sceptiques - camp dans lequel on doit bien, sous certains aspects - ranger aussi l’Autriche (1).  sous certains aspects (1).
Une zone grise sur le quart de l'Europe 
Si l’on considère que les cas de la Roumanie et de la Bulgarie sont eux-mêmes en balance (notamment du fait de graves déséquilibres politiques et socio-économiques internes), on voit que cette zone grise peut s’étendre à présent à tout le flanc Est de l’Union.
Une zone qui correspond presque au quart de l’UE : le quart des États membres (7 sur 27) - le quart de la population (100 millions sur 440 millions) - le quart de la superficie (I million de km2 sur 4,2 millions). 
Sortir du déni
Cette situation - perceptible mais non-dite depuis plusieurs années - gagnerait à être enfin ouvertement reconnue et prise en compte. En particulier à l’occasion de la nouvelle étape de renforcement interne/élargissement externe qui se prépare. Dans cette circonstance, le déni persistant du malaise Est - Européen ne sert la cause d’aucun des deux « camps » ni, surtout, celle de l’UE. 
(Il faut bien sûr opérer la distinction - pour chacun de ces États - entre les facteurs conjoncturels (Gouvernements, majorités parlementaires, personnel politique) et les éléments fondamentaux et permanents (peuples, sociétés, histoires, cultures, …). Mais il se trouve que ce sont les (Chefs de) Gouvernements en place qui siègent à Bruxelles, participent à la conduite de l’Europe et en influent le cours. Et c’est à cette situation que l’UE se trouve confrontée dans son fonctionnement quotidien comme dans la prise de ses grandes décisions ou positions.) 
Un double paradoxe
Un observateur extérieur serait sans doute étonné par un paradoxe : alors que le Club Europe se trouve de plus en plus déstabilisé en interne par l’attitude de la plupart de ses membres issus du bloc communiste, ce même Club s’apprête à accueillir une dizaine supplémentaire de nouveaux membres issus du même bloc … Certes, cet observateur voit bien que ces élargissements successifs vers l’Est/Sud-Est du continent sont dictés par une situation géopolitique dangereuse et même menaçante. Mais, précisément, il peine à comprendre pourquoi les plus anciens membres du Club ne se résolvent pas à conforter son règlement intérieur de façon à renforcer l’unité, la solidarité … et la discipline de ses membres, actuels et futurs. Et il comprend mal que toute nouvelle adhésion (isolée ou groupée) puisse avoir lieu avant même que cette réforme ne soit actée et en vigueur. 
Et le summum du paradoxe est le suivant : alors que les opinions publiques dans les États membres (anciens et nouveaux confondus) sont plutôt favorables à cet effort accru de solidarité et d’unité au sein du Club, ses dirigeants persistent à procrastiner et laissent une minorité d’entre eux bloquer toute réforme !
Le moment de vérité approche
« Le moment de vérité » ( le « point of reckoning ») pourrait advenir dans les prochaines semaines - à l’occasion des nombreux sommets du Conseil Européen, de la Communauté Politique Européenne », des Balkans …
Si des orientations claires (éventuellement majoritaires !) étaient prises à cette occasion (tardive …) par les plus hauts responsables européens, la question du renforcement de l’UE dans la perspective de nouvelles adhésions éventuelles pourrait faire tout aussi clairement partie du débat électoral du printemps 2024. Centré sur un tel thème, ce débat serait moins susceptible d’être détourné par des personnalités ou états-majors politiques. 
En somme, l’élection européenne de 2024 pourrait prendre la signification - sinon la forme - d’un referendum sur le renforcement de l’Union Européenne. 
Car c’est finalement pour se prononcer sur ces grandes orientations (au delà des idéologies et des jeux politiciens) que le système de démocratie parlementaire a été inventé (par l’Europe …).
Surtout à l’heure même où cette Europe se trouve à nouveau menacée - politiquement et physiquement - par la Russie de Poutine.   
(1) Il s’agit ici d’un jugement d’ensemble - largement perçu et résultant d’une série de facteurs et données, variables selon les Etats concernés mais concourant au même phénomène .  
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