Le mot d'Esprit : Gaza, l’impensable bilan (Revue Esprit - Vendredi 26 janvier 2024 )

Après plus de cent jours de guerre à Gaza, la notion même de « bilan » paraît inadéquate : le nombre effroyable de victimes palestiniennes augmente chaque jour, tandis que les buts de guerre israéliens, et notamment « l’éradication du Hamas », semblent toujours moins réalistes. La fin de la « phase intensive » des combats a beau avoir été annoncée, la perspective d’un cessez-le feu n’est toujours pas sur la table et un embrasement régional reste possible. 

On sait que les civils sont les principales victimes du brouillage des formes de la guerre auquel on assiste depuis la fin de la guerre froide – des Balkans à la Syrie, de la violence terroriste aux représailles qu’elle suscite. Mais un paroxysme semble ici atteint, puisque déplacer, bombarder et affamer la population relève d’une action systématique et délibérée, loin du « dommage collatéral », menée en dépit des appels à la mesure de Nations-Unies impuissantes. À cet égard, les ruines de Gaza sont aussi celles de l’ordre international post-1945, et de sa capacité à promouvoir le droit international et la sécurité collective. 

Mais l’histoire se poursuit, même sous les décombres. Et dans cette situation de tension extrême, des points de bascule semblent près d’être atteints : au sein de la société israélienne qui, bien qu’acquise à la guerre, n’est pas dupe du cynisme de Benyamin Netanyahou, et au cœur même du cabinet de guerre, traversé de vifs désaccords. Point de bascule dans l’opinion internationale également, où le soutien à Israël est en chute libre. Et point de bascule diplomatique, la fuite en avant du gouvernement israélien ayant réveillé des énergies nouvelles, notamment dans le monde arabe, en faveur d’une solution à deux États que l’on disait enterrée. L’Europe, en revanche, paraît moins que jamais en mesure de peser dans la résolution d’un conflit pourtant intimement lié à son histoire. 

La rédaction 

Gaza : une guerre sans issue ?

Denis Bauchard, janvier 2024

Trois mois après ses débuts, la guerre à Gaza semble dans l’impasse. Son bilan est tragique avec un nombre des victimes considérable. Sur le plan militaire, les résultats des actions menées par l’armée israélienne sont limités mais de plus en plus contestés. Certes, l’embrasement redouté du Moyen-Orient ne s’est pas produit, mais il reste une menace, tandis qu’aucune solution n’apparaît pour le jour d’après.

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Sous les décombres de Gaza. Un Moyen-Orient en recomposition ?

Joseph Bahout, décembre 2023

L’opération « Déluge d’al-Aqsa » lancée par le Hamas a brutalement interrompu une période d’apaisement relatif au Moyen-Orient et remis la question palestinienne au centre du jeu. Pour qu’une solution politique puisse être envisagée, les États de la région, les États-Unis et l’Europe devront assumer un rôle de médiation.

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La question palestinienne, une histoire européenne 

Jihane Sfeir, novembre 2023

Face à l’explosion de violences au Proche-Orient, il faut essayer de dépasser les mémoires antagonistes des Juifs et des Arabes. Repenser la question palestinienne dans sa profondeur historique permet de comprendre à quel point elle est européenne et quelles responsabilités elle impose à l’Europe.

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Indifférente, ou presque

Adania Shibli, août-septembre 2007

Dans cette nouvelle de 2007, l’autrice palestinienne Adania Shibli évoque l’impossibilité de s’habituer à la violence quotidienne qui règne à Gaza. Alors qu’elle fait effort pour « maintenir la volonté de poursuivre [s]a vie », la mort par balles d’adolescents vient mettre à bas la « forteresse d’indifférence » qu’elle avait tenté de se construire.

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