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Publié par ERASME

Depuis l’installation du nouveau gouvernement, la thématique du réarmement est déclinée sur tous les plans. Politique d’abord, puis civique et enfin démographique, il dessine l’horizon de mobilisation dont manquerait une société supposément en mal d’ordre républicain. L’école est une nouvelle fois chargée de porter ce volontarisme politique : c’est par elle – mais avec quels moyens ? – que passera le projet de « réarmement et de régénération », que le Président a donné comme feuille de route à ses ministres. 

On se rassurerait à bon compte en se disant que la communication politique de ces dernières années brasse surtout du vide. Mais elle procède en ce moment par emprunts et distorsions : après la « décivilisation » de Norbert Elias, c’est au tour du « réarmement moral », mouvement international chrétien fondé à la fin des années 1930, dont Gabriel Marcel fut en France la principale figure, de susciter l’intérêt. Au prix d’un déplacement qui en corrompt le sens : ce réarmement relevait du combat spirituel que tout un chacun doit mener contre soi, et Gabriel Marcel se méfiait justement de ses usages politiques. 

Le paradoxe est que cette militarisation du discours politique s’adresse à une société française qui a vu le fait guerrier refluer hors de son horizon et semble peu disposée à se battre, alors même la guerre est de retour sur le sol européen, et que partout dans le monde, les États se réarment – pour de vrai. Si le sujet mérite d’être investi, c’est d’abord au nom de la défense de la démocratie, dans un monde où beaucoup sont décidés la défaire. À l’inverse, ce discours martial sur fond d’images sépia d’élèves en blouses grises ne mord sur aucune réalité crédible pour aujourd’hui, mais nous habitue insidieusement à considérer la violence comme une simple modalité du politique. 

La rédaction

Note sur la condamnation de soi

Gabriel Marcel, novembre 1940

Dans ce texte de novembre 1940, Gabriel Marcel distingue le mouvement qui consiste à reconnaitre ses erreurs devant Dieu d’une tentation selon lui douteuse : celle du calcul qui consiste à se placer du côté de celui « dont on commence à ressentir le joug », pour « recueillir quelques miettes d’une victoire dont on vient cependant de faire les frais », au prix d’un renoncement à ses valeurs. 

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Une nouvelle grande illusion ?

Entretien avec Stéphane Audoin-Rouzeau, mars 2023

Le retour de la guerre sur le sol européen interroge notre rapport au fait guerrier, qui avait disparu de l’horizon de nombreuses sociétés démocratiques. Spécialiste de la Grande Guerre, l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau évoque la persistance de notre déni après un an de conflit à nos portes, alors même que cette guerre bouleverse déjà notre rapport au temps.

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Esprit, une revue dans l’histoire, épisode 2 : 1940-1945, une revue dans la guerre

Michel Winock, Emmanuel Laurentin, Jean-Louis Schlegel

Après la défaite de 1940, Mounier prend la décision controversée de poursuivre la publication, avant que la revue ne soit finalement interdite par Vichy à l’été 1941. L’épreuve de la guerre a dispersé le collectif, mais dans la clandestinité se forgent des convictions et des amitiés nouvelles.

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