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Publié par ERASME

Divisés sur le soutien à apporter au président égyptien qu'ils jugent garant de la stabilité dans la région, soucieux de ne pas favoriser l'émergence d'un second Etat islamique dans cette région, par solidarité avec l'Etat d'Israël, les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne ont tenu à marquer leur crainte d'une émergence de forces radicales (entendez islamistes !) dans les pays arabes dont les populations appellent à une véritable transition démocratique !

 Interrogée sur la crainte des Européens de voir les islamistes arriver au pouvoir en Egypte et, éventuellement, présenter à l'Occident des défis comparables à ceux posés actuellement par l'Iran, la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a reconnu que la question avait été abordée lundi 31 janvier lors de la réunion du Conseil "Affaires étrangères".

" Ce sont des sujets qui ont été évoqués. C'est vrai que ce sont des craintes qui peuvent exister ", a-t-elle dit.

Son homologue allemand, Guido Westerwelle, a ainsi expliqué que s'il était " très important " de soutenir le processus démocratique, " personne ne veut voir des forces radicales bénéficier de ce processus avec leur propagande intolérante ".

Alors que les analyses des meilleures spécialistes de l'Egypte tendent à converger vers une position plus modérée sur le risque d'un embrasement islamiste radical dans ce pays, sans toutefois en sous-estimer l'éventualité, les ministres des affaires étrangères européens n'ont pas hésité à dire leur crainte en la matière de manière beaucoup plus marquée que ne l'a fait jusqu'ici l'administration amércaine !

Au risque de laisser à penser que la politique arabe des Etats européens n'a pour seul mobile dans ces pays en quête d'émancipation démocratique que d'interdire l'émergence de forces politiques 'non orthodoxes' jugées dangereuses pour la stabilité et la sécurité régionales, en reléguant au second plan les intérêts les essentiels des populations autochtones !

Certes, les ministres arabes des Affaires étrangères porteront très vraisemblablement une appréciation positive sur cette nouvelles déclaration du Conseil de l'UE à l'égard de l'Egypte, comme ils l'ont fait le 15 décembre, au Caire, à l'égard du Moyen Orient (cf. Conclusions du Conseil relatives au Moyen Orient (13 décembre 2010) ).

Mais n'oublions pas que les membres de la " Commission ministérielle de suivi " arabe ont simultanément demandé à l'UE de mettre en application les principes qu'elle affirme. Ils demandent en fait au Quartette de réagir plus nettement contre toute atteinte aux principes et droits internationaux et souhaitent qu'une réunion conjointe (Quartette, comité de suivi arabe) ait lieu pour un examen circonstancié de la situation et d'en présenter les conclusions au Conseil de sécurité de l'ONU. Celui-ci aurait à tracer une ligne de conduite qui s'imposerait à Israël.

Face à une attitude aussi ambigüe des diplomaties européennes à l'égard de la situation en Egypte comme dans d'autres pays de la région, pourquoi les opposants aux régimes en crise ne produiraient-ils pas un communiqué commun :

 * constatant formellement que les Etats européens, qui sont engagés militairement sur plusieurs théâtres d'intervention sans parvenir à apporter aux populations musulmanes qu'ils sont censés appuyer dans leur démarche en faveur d'une transition démocratique, en même temps qu'ils favorisent l'apparition en Europe d'un sentiment islamophobe,

 * demandant à l'UE de mettre en application les principes qu'elle affirme,

 * soulignant que, dans les pays arabes comme ailleurs dans le monde, personne ne souhaite voir apparaître en Europe des régimes autoritaires, nationalistes ou populistes, insensibles aux aspirations les plus légitimes des peuples, et incapables d'apporter des réponses efficaces aux défis du XXIè siècle,

 * et appelant l'Occident à repenser son lien avec le monde arabe.

 

Voir également à cet égard :

 * L'Occident amené à repenser son lien avec le monde arabe ;

 * Projeter la stabilité et propager la sécurité : deux éléments clé de la doctrine européenne qui font de plus en plus débat ! ;

 * Les ministres arabes des Affaires étrangères portent une appréciation positive sur la déclaration du Conseil de l'UE à l'égard du Moyen Orient ; 

 * Les institutions européennes se seraient-elles mises au service d'une prophétie autoréalisatrice d'Union transatlantique ? ;

 * Du soutien appuyé de la diplomatie américaine aux mouvements socio-politiques dans les Pays tiers méditerranéens : premiers éléments d'analyse ;

 * Du soutien appuyé de la diplomatie américaine aux mouvements socio-politiques dans les Pays tiers méditerranéens : premiers éléments d'analyse (suite) ;

 * De la sécurité durable au Maghreb : un autre regard ! - seconde partie - (nouvelle édition) )

 * http://www.bruxelles2.eu/orient-asie/moyen-orient/la-revolution-arabe-de-2011-oblige-a-un-changement-de-focus.html 

 * Les Egyptiens demandent qu'on ne leur 'vole' pas leur révolution !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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