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Publié par ERASME

Le principal problème pour Israël, cet Etat né du droit international qui est soutenu par des Etats qui se gargarisent en permanence d'être les promoteurs et les défenseurs de ce droit supranational qu'il ne respecte jamais quand il en est le sujet, est probablement intérieur, comme il l'est depuis une vingtaine d'années ....

Dans un magnifique article écrit et publié à l'occasion de la pandémie virale qui frappait le monde entier (Qu’allons nous devenir?), le professeur Maurice-Ruben Hayoun s'interrogea en nous interpellant.

En en retirant les éléments propres à la gestion de cette pandémie, son propos semble pouvoir illustrer la situation complexe et dramatique que traverse l'humanité, comme elle se révèle en Israël.

" Qu'allons-nous devenir ? 

Saurons nous un jour le fin mot de ce qui nous arrive, si toutefois l’humanité peut encore avoir un avenir et se permettre une projection dans le temps qui vient ? Le moment n’est plus aux questionnements et pourtant l’intellect humain ne peut s’empêcher de s’interroger, car c’est ce qui marque sa différence d’avec les animaux : comparer ce qu’il vit avec ce qu’il a vécu précédemment ; en tirer des leçons, envisager ce qui ne lui appartient guère, à savoir le temps qui vient et qui viendra quoiqu’il arrive, avec ou sans lui… Des questions, toujours des questions pour comprendre comment, à l’encontre de touts nos pouvoirs, de notre science, de notre technologie avancée, de notre conquête de l’espace, bref de toutes nos prouesses dans tous les domaines, comment ce qui arrive nous est arrivé. La première de toutes les questions est la surprise, le désarroi, l’incroyable qui s’avère, la mise à l’arrêt de pays entiers, du monde dans son entièreté. Est ce suffisant de faire le procès de la mondialisation ? Me revient en mémoire une métaphore sur le fameux village planétaire qui commence ainsi : le battement d’aile d’un papillon au Japon provoque une sorte de cataclysme à l’autre bout du monde… Curieuse solidarité des différentes parties de notre monde, tant qu’il s’agit de papillons, cela peut encore aller mais quand il s’agit d’une pandémie qui menace jusqu’à notre existence, les règles du jeu ne sont plus les mêmes.

[...] Oh, je ne vais pas vous proposer une lecture théologique de l’Histoire, un décodage qui irait se réfugier dans des catégories mentales proches de l’idée de Transcendance. C’est une éventualité dont il faut tenir compte, mais qui est devenue si éloignée de notre esprit, suite à l’expulsion totale de Dieu et de toute idée théologique dans notre pensée occidentale, laquelle a presque entièrement coupé les racines judéo-chrétiennes de notre culture et de notre civilisation.

[...] Il faut, certes, tenir compte en priorité de ce qui nous arrive, mais cela doit se faire parallèlement à une réflexion approfondie, transcendant les faits sans les nier.

[...] Lorsque le Talmud rend compte d’un événement grave, [...], il utilise l’expression suivante : la destruction s’est abattu sur le monde (Hourban ba la olam). L’auteur sur lequel j’ai fait ma thèse de doctorat d’Etat, Moïse de Narbonne (1300-1362), était contemporain de la peste noire (1348) et déplore qu’elle tue indistinctement tout le monde, les bons et les mauvais… Mais pour notre auteur, c’était une punition divine, une calamité venue du Ciel…

[...] Je lisais récemment des Propos d’Alain (mort en 1950) qui détruisait jusqu’à l’idée même de Providence et disait que «nous étions pourris théologiquement…» Étrange de la part d’un philosophe qui se disait chrétien athée…

[...] En cette époque qui manque cruellement de ces grands vigiles que sont les prophètes bibliques, il faut bien se ressourcer dans notre Bible qui demeure la grande charte de l’humanité civilisée. Huit siècles au moins, avant notre ère, les vieux prophètes hébreux mettaient en garde contre des fléaux menaçant la société contemporaine : les injustices, le manque de solidarité, les inégalités économiques, la promotion de la réussite financière à tout prix, l’idéalisation de quelques footballeurs millionnaires à la fin de chaque mois, la mise au rebut de presque toutes les valeurs morales… Et la liste est loin d’être exhaustive. L’homme s’est cru autorisé à chercher sa propre origine en lui-même. Quelle grave erreur. L’épisode que nous vivons nous prouve l’étendue de cet aveuglement.

[...] Il nous faut une philosophie politique orientée différemment. C’est la seule leçon à tirer de cette terrible épreuve. Et elle est de taille. "

Les mouvements de contestations extrêmement puissants contre les tentatives d'institutionnalisation de la théocratisation de l'Etat que nos médias sous influence et sous contrôle se sont attachés à minimiser reprendront toute leur vitalité ....

Lorsque Tsahal aura terminé sa mission sécuritaire, après avoir pris possession des territoires en colonisation dans le silence aussi étourdissant que complice des pays occidentaux, et peut-être un peu plus (pour dessiner ce que les stratèges considèrent comme les frontières défendables d'Israël), de nouvelles élections interviendront, qui balaieront ces partis si prompts à justifier par des références empruntées au judaïsme le plus ultraorthodoxe (et la Kabbale) leurs décisions iniques qui enfermeraient cet Etat moderne dans un "moyen-âgisme décivilisationnel" dont il ne se relèverait sans doute pas !

Les Israéliens ne sont en réalité solidaires que devant la barbarie, mais quand celle-ci change de camp, leur conscience collective les pousse à résister et à s'opposer à toutes les formes de la forfaiture ! L'émancipation des esprits, le développement et le partage des savoirs vont de pair avec la sécularisation du monde !

Les ruptures civilisationnelles à l'oeuvre, sans égal sans doute dans l'histoire par les bouleversements qu'elles produisent sur l'humain et les organisations humaines, sous l'effet d'un techno-capitalisme bien plus puissant que les Etats qui le promeuvent jusqu'à l'outrance ne peuvent l'imaginer, s'imposeront de toute manière à Israël comme au reste du monde, et les religions comme les religieux devront avaler la pilule de cette 'barbarie' d'un autre genre où le sang ne coule pas !

Le surhumain - le posthumain - ne sera adepte d'aucune religion ! Sera-t-il pour autant dépourvu de spiritualité ?

La réponse se trouve peut-être dans cette traversée des savoirs et des métamorphoses qui ont marqué l'évolution de notre espèce : Investigations sur différentes métamorphoses ayant marqué l’évolution de l’espèce humaine

« Les évènements ne sont que l’écume des choses, ce qui m’intéresse, c’est la mer »

(Paul Valéry, "Regards sur le monde actuel")

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