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Publié par Ferdinando Riccardi

Légitimité du G20

Ce ne sont pas simplement des bonnes intentions et des promesses.
La déclaration finale du Sommet du G20 est plus concrète et opérationnelle que ce que l'on affirme parfois. Les forces politiques qui se battent pour la suppression intégrale de l'économie de marché ont évidemment le droit de s'exprimer et de faire valoir leurs idées, mais leur crédibilité serait plus élevée si elles avaient, dans les pays où les élections sont libres et la démocratie fonctionne, des résultats électoraux moins marginaux, justifiant au moins en partie leur prétention de parler au nom des peuples. Les régimes qui interdisent les élections libres lorsqu'ils sont au pouvoir, ou les forces politiques qui n'acceptent pas les résultats des élections, n'ont pas le droit de recourir à la violence. Le Sommet du G20 était assez représentatif de la réalité mondiale, réunissant les principales économies de tous les continents ; et c'est à l'unanimité qu'il a approuvé le plan qui vise à sauver ou créer des millions d'emplois, augmenter de 4% la production mondiale et accélérer la transition vers une économie " verte " en mettant fin à la destruction de la nature. Respectons ses conclusions.

L'essentiel consiste maintenant à donner suite aux engagements et à concrétiser les mesures annoncées. Certes, les objectifs ne seront pas atteints dans leur intégralité ; ce n'est jamais arrivé et çà n'arrivera jamais. Mais les pays concernés paraissent décidés à agir. Les orientations retenues reprennent largement ce que l'UE avait suggéré auparavant. Le résultat a dépassé les attentes. Par exemple, l'efficacité des mises en garde adressées aux paradis fiscaux a été foudroyante : la liste noire de l'OCDE est devenue inutile car deux pays (Guatemala et Brunei) y avaient échappé à la dernière minute., et les quatre inscrits viennent d'annoncer qu'ils acceptent les normes OCDE. Ce n'est pas par hasard que le G20 avait annoncé : " L'époque du secret bancaire est terminée ". Le gouverneur d'une Banque centrale importante a constaté que " des réformes impensables il y a six mois sont décidées ". L'objectif afficé d'établir un cadre global de règles et de surveillance pour le secteur financier futur précise clairement les mesures opérationnelles qui, par exemple, étendent la surveillance obligatoire aux fonds spéculatifs (hedge funds) et annoncent les sanctions contre les paradis fiscaux qui ne se plieront pas aux règles de l'OCDE.

Le calendrier de l'Union européenne

Dans ce contexte, l'Europe est à l'avant-garde : elle est déjà entrain de concrétiser les orientations retenues par le G20. dans la mise en oeuvre des disciplines nouvelles, l'UE a largement dépassé le stade des intentions et des principes ; elle dispose d'orientations détaillées et plusieurs textes sont prêts ou en phase avancée d'élaboration. Le Président de la Commision européenne, José Manuel Barroso, a confirmé et précisé le calendrier des propositions de la Commission : 21 avril, à propos de la rémunération des dirigeants, les hedge funds et les fonds d'investissement ; 7 mai, à propos des principes communs pour préserver et créer des emplois ; avant la fin mai, pour les projets concernant les structures de la supervision future (en reprenant pour l'essentiel les conclusions du rapport Larosière), afin que le Conseil européen puisse définir en juin l'architecture qui sera mise en place en 2010. Le Parlement européen joue activement son rôle de colégislateur. L'UE aura un rôle pionnier dans la révolution du monde de la finance, et sur le plan interne, elle introduira rapidement les mesures qu'elle prépare, dont les contours sont déjà en bonne partie définis. La mise au point ne sera pas facile, car, sur plusieurs aspects, les orientations des Etats-membres ne sont pas uniformes ; mais les autorités politiques à haut niveau paraissent décidées à tenir le cap.

Ne pas toucher à l'euro

Sur un point, toutefois, l'UE ne cédera pas : l'affaiblissement de l'euro et des conditions pour y adhérer. Un document des services du FMI avait pris en considération l'hypothèse d'accélérer et de simplifier les conditions d'adhésion à la monnaie unique par les pays de l'UE qui n'en font pas encore partie, c'est à dire essentiellement plusieurs Etats d'Europe centrale et orientale et même (selon certaines indications) l'Ukraine. Cette orientation est fermement écartée par la Banque centrale européenne (BCE) ainsi que par les principaux pays de la zone Euro. Même les Etats-membres concernés n'y sont pas favorables. Les pays de l'UE qui sont en difficulté bénéficieront, et bénéficient déjà, du soutien européen et de celui des organismes internationaux compétents ; mais l'affaiblissement de l'euro est totalement à exclure. [L'Euro] représente la force de l'Europe, son bouclier contre l'instabilité monétaire ; l'hypothèse de compromettre ces caractéristiques et ce rôle ne sont que des élucubrations d'experts.

Article paru dans l'éditorial de l'édition du Bulletin Quotidien Europe n° 9878 en date du 8 avril 2009.





 

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