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Publié par De La Boisserie

S'il y a une leçon à tirer du sommet de l'OTAN réuni dimanche 20 et lundi 21 mai à Chicago, c'est bien celle-là : tout le monde veut quitter l'Afghanistan - au plus vite. L'Afghanistan lasse, déçoit et, chaque jour qui passe, paraît toujours aussi éloigné de la paix.
 
Plus de dix ans après l'intervention des forces de l'OTAN dans ce pays, le bilan est pour le moins mitigé, pour ne pas dire négatif : les Afghans sont encore en guerre les uns contre les autres, l'insurrection des talibans n'a pas été écrasée, et le pouvoir central, celui du président Hamid Karzaï, ne cesse de dire pis que pendre de ses alliés occidentaux.
 
Après avoir cru, au début de son mandat, que les Etats-Unis, qui fournissent le gros des 130 000 soldats de l'OTAN présents sur place, devaient viser une victoire militaire, Barack Obama a changé d'avis. Il reste sceptique au discours de ses généraux et a pris la décision de partir. Le retrait américain a déjà commencé ; il sera achevé à la fin 2014. La plupart des autres contingents auront quitté le pays un an plus tôt. La France, elle, entend que l'essentiel de ses troupes combattantes - elle a le cinquième contingent sur place, 3 600 hommes - soit rapatrié fin 2012. Elle s'inscrit dans le mouvement général voulu par M. Obama, même si elle le précipite un peu.
 
Le sommet de Chicago, qui entérine ce mouvement, conduit à poser une question brutale : s'agit-il d'une débandade ? Ce calendrier progressif, qui donne l'impression d'un retrait organisé, masque-t-il un fiasco ?
 
M. Obama fait un double pari. Il compte que la police et l'armée afghanes, entraînées à marche forcée par les Occidentaux, seront en mesure de remplir leur tâche. Elles devront empêcher tout retour d'Al-Qaida dans le pays et interdire aux talibans de prendre le pouvoir par la force.
 
Les Afghans devront avoir progressé sur la voie de la réconciliation nationale. Il s'agit ici d'ouvrir une négociation avec les talibans pour les ramener dans la vie politique du pays.
 
Les deux termes de ce pari sont pour le moins aléatoires. Sur le terrain, les talibans poursuivent leur guerre cruelle. Ils préparent leur offensive d'été. Ils sont toujours appuyés par les services secrets de l'armée pakistanaise. Celle-ci abrite, protège et conseille leur état-major, auquel elle fournit de solides bases arrière. Le Pakistan veut imposer à Kaboul un pouvoir qui lui soit proche.
 
Plusieurs fois annoncée, la perspective d'une négociation avec les talibans s'éloigne chaque jour davantage. Le Pakistan n'en veut pas. Les groupes talibans qu'il manipule ont entrepris une campagne d'assassinats à l'encontre de toutes les personnalités afghanes susceptibles de favoriser un tel dialogue.
 
Il y avait deux questions à poser à Chicago. Le régime Karzaï veut-il, oui ou non, de la présence des forces de l'OTAN jusqu'en 2014 ? Le régime pakistanais doit-il, oui ou non, être traité en ennemi ? Elles n'ont pas été posées. Dommage. Cela diminue le sérieux des décisions annoncées à Chicago.

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