Claude-France Arnould (AED) :« Les Etats européens sont prêts à partager leurs moyens militaires » (Les Echos)
Près d'un an après sa nomination, Claude-France Arnould a décidé de recentrer l'action de l'agence européenne de défense (AED) sur un nombre limité de projets très concrets. Pour elle, la mise en commun d'équipements militaires est le seul moyen de compenser la baisse des budgets de défense au sein de l'Union.
Vous venez de proposer 11 projets de coopération aux 26 Etats membres de l'Agence européenne de défense. On a déjà vu des initiatives similaires dans le passé. Qu'est-ce qui vous fait croire que cette fois-ci, les ministres de la Défense vont s'en saisir ?
J'y crois d'abord parce que les Etats membres ont accepté cette liste de projets. Ensuite, parce qu'une vingtaine d'entre eux se sont engagés à les faire aboutir. Parmi eux, certains ont accepté d'en prendre la direction. C'est le cas de la France par exemple pour l'entraînement des pilotes d'avions de transport, de l'Italie pour le soutien médical ou encore de l'Irlande pour la formation maritime, ce qui traduit, pour ce dernier, un revirement d'attitude. J'ajoute que certains projets peuvent être mis en oeuvre immédiatement. C'est le cas de la surveillance maritime puisque les 9 pays qui ont décidé de rejoindre ce projet mené par la Finlande n'ont qu'à connecter leur système national à l'interface développée par l'Agence.
Pourtant, la France s'est engagée dans une coopération sans précédent avec le Royaume-Uni. Cela ressemble à un signe clair de défiance vis-à-vis de l'Agence européenne de défense...
Je ne peux pas penser une seule seconde qu'il s'agit d'un mouvement de défiance vis-à-vis de l'Agence européenne de défense. Ce type de coopération, bi ou tri nationale, va dans le bon sens, celui d'une confiance mutuelle. Le traité franco-britannique ne suit pas une logique contraire à celle que l'Agence est censée mener. Je peux citer l'exemple du projet de guerre des mines que nous pilotons (ce projet fait partie des axes de coopération recherchés par Paris et Londres, NDLR). Le traité montre que le succès d'une coopération dépend de la force de l'impulsion politique. Nous sommes complémentaires.
Quelle a été la réaction des autres pays membres de l'Agence à l'annonce du traité franco-anglais ?
La question qu'ils se sont posée a été : la porte reste-t-elle ouverte sur certains des domaines de coopération listés dans le cadre du traité ? Dans la mesure où la réponse qu'il leur a été apportée est positive, ils n'ont pas d'inquiétude à avoir. Le travail à deux peut nourrir une coopération plus large.
Propos recueillis par Alain Ruello