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Publié par Paul Auster

Derrière les Digital Natives, on oublie souvent de voir qu’il y a des Crisis Natives... Portrait en quatre tableaux d’une génération pour qui rien n'est facile mais qui ne se laisse pas abattre pour autant.
En 2004, on parlait pour la première fois, outre-Atlantique comme souvent, de la « Generation C ». C pour « Content ». La première génération véritablement née avec le web, totalement familière de tout ce que le numérique peut offrir, n’éprouvant aucune inhibition à produire du contenu, ce fameux « content », en anglais, qui lui donne son nom. Une génération dont les plus jeunes sortaient de l’enfance au moment où Facebook naissait. Bref, les fameux Digital Natives qui sont, pour les baby-boomers, à la fois des enfants et des extra-terrestres.

Mais ces Digital Natives ne sont pas tombés que dans Facebook : ils sont aussi des Crisis Natives, notamment en France. Puisque pour eux entrer dans l’âge adulte, c’est aussi, depuis 2008, entrer en Crise.

Génération Crisisproof… Jusqu’à un certain point.

Premier enseignement : la Génération C comme Crise, en France, n’est pas une génération qui croit aux lendemains qui chantent. Normal : elle a été élevée à la dure, d’abord parce qu’elle a vu ses parents souffrir et changer de monde, passer de la stabilité à la précarité, de la sécurité à la fragilité économique :

« Mon père a connu cela (le licenciement) et depuis il ne trouve que des petits boulots, comme il le dit souvent « je suis devenu un bouche-trou, on m’appelle pour des maladies 3 ou 4 jours ou encore pour des départs en vacances… » Et croyez-moi il souffre intérieurement mais jamais il ne laisse apparaître ses émotions devant ses enfants. Moi qui suis le plus âgé je ressens et comprends ce qu’il ressent. » (1)

Pas question donc de verser dans un optimisme juvénile : la situation est dure, celle de ses parents, celle du pays, et il faut se préparer à lutter pour préserver ce qui peut l’être de son niveau de vie : ils sont pratiquement aussi nombreux que leurs aînés, soit 3 sur 4, à considérer que la crise va s’aggraver en 2013 .

Sont-ils pour autant désabusés, ou désespérés ? Non. Car, s’ils sont sans illusions sur ce que l’avenir leur donnera, ils restent nettement plus confiants en eux que leurs aînés sur ce qu’ils seront en mesure d’en obtenir : 45% des 18-24 ans disent se sentir « en contrôle de leur vie », contre 37% des 25-35 et seulement 33% des 35-44 ans (2). Un pourcentage qui dit à la fois leur lucidité et leur relatif optimisme – au moins jusqu’à 25 ans, l’âge où ils commencent à chercher un emploi…

Génération Consommation d’après

Deuxième élément du portrait : la Génération C, c’est aussi la génération qui a vraiment compris qu’il allait falloir réviser ses habitudes, changer d’attitude face à la consommation.

D’abord en assumant d’être une « Génération Contrainte » : voir petit, passer de la Nouvelle Economie aux nouvelles économies via l’utilisation intensive d’internet pour traquer les bonnes affaires, entrer dans l’ère de la consommation grise, où tout se négocie : ils le font comme leurs aînés. Mais ils sont prêts à aller plus loin. Parce qu’ils y sont contraints :

« Depuis que je suis majeure j’ai appris à ne pas dépenser beaucoup, même lorsque je fais des courses alimentaires… Je trouve certains produits superflus. C’est sûr, on peut se faire plaisir de temps en temps, je ne me prive pas j’ai grandi comme ça, en comptant et en me faisant plaisir en restant raisonnable… Et puis même si je ne prévois pas d’être maman avant 2 ou 3 ans je sais que je vais essayer de mettre ne serait-ce que 50 euros de côté dés que je pourrai travailler, pour commencer à prévoir un logement et un enfant. »

Une « Génération Contrainte » d’autant plus sous pression qu’elle se rapproche des fatidiques 25 ans, l’âge de la Grande Bascule : celle où on quitte le nid, où on cherche un travail, et où les pourcentages d’optimisme et de confiance chutent du reste très nettement, d’un seul coup…

Ensuite, en assumant de devoir arbitrer, quelquefois, entre consommation responsable (socialement, écologiquement) et raisonnable (financièrement). Ils sont plus sensibilisés que leurs parents aux enjeux environnementaux et sociaux ? Oui, bien sûr, et sans doute mieux informés aussi – Digital Nativeness oblige… Pour autant, ils admettent que faire entrer en ligne de compte dans son achat l’origine d’un produit n’est pas toujours facile : alors que pour 72% des Français, et 85% des 60 ans et plus, « la crise incite à davantage faire attention à l’origine des produits consommés », ce n’est le cas que pour 61% des 18-34 ans. Comme le dit l’un entre eux, interrogé sur ce qui lui semble prioritaire :

« Ce qui me semble le plus important est l’emploi et l’insertion… Ensuite je dirais que le pouvoir d’achat tient une grande place aussi. Le moins important me paraît être l’environnement car je pense qu’il faut savoir s’occuper du présent avant de prévoir le futur… »

Enfin, en se montrant plus ouverts encore que le reste des Français à la consommation collaborative, qui pour eux n’est pas simplement le dernier buzzword du marketing mais une réelle aspiration, une solution à mettre en œuvre dans le maximum de domaines et le plus vite possible. L’achat ou l’échange entre particuliers, c’est quelque chose qu’ils pratiquent ou souhaitent pratiquer pour les livres, CD et DVD (à 66% contre 56% pour l’ensemble des Français), pour l’achat d’un véhicule (à 59% contre 43% pour l’ensemble des Français), pour le mobilier (61% contre 45%).

« La consommation et l’économie collaboratives (…) permettent de faire des économies sur les objets que l’on a déjà mais dont on ne se sert pas, en les revendant. Et en proposant de s’entraider ou se rendre service - ça peut être très utile lorsqu’on ne connaît rien en plomberie mais que l’on s’y connait en électricité par exemple. Et ça socialise par la même occasion… »

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Voir la suite de cet article : http://www.atlantico.fr/decryptage/connaissez-generation-c-ces-jeunes-adultes-ayant-grandi-avec-crise-xavier-charpentier-et-veronique-langlois-900666.html#p6ETZ5fKT1keB2RM.99

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