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Publié par Olivier Jehin

La rencontre du président José Manuel Barroso avec Anders Fogh Rasmussen, le 11 février, suscite bien des interrogations, voire des réactions en chaîne. Dans certains cas, on peut même parler de fantasmes. Le simple fait que ces deux personnalités aient besoin de se recaser dans un avenir proche a ainsi conduit des têtes un peu chaudes à y voir les prémisses d’un « switch », le premier se préparant un avenir à Evere pendant que le second lorgnerait vers le rond-point Schuman. Si rien n’empêche l’ancien Premier ministre portugais, organisateur d’un sommet atlantique aux Açores en 2003 (sur l’Irak) d’envisager sa retraite à l’OTAN (son intérêt croissant pour les questions de défense en est un autre indice), les espoirs du secrétaire général de l’OTAN, parfait représentant des intérêts américains en Europe, de prendre la tête d’une institution de l’Union européenne semblent exagérés. Reconnaissons toutefois que le grand marchandage de postes qui s’annonce prête à tous les calculs et que l’on n’est jamais à l’abri d’une surprise.  

Dans l’immédiat, tout cela commence cependant plutôt mal à voir la réaction épidermique de certains Etats membres (Grèce, Chypre, France en particulier), mardi 19 février, au sein du comité politique et de sécurité. En cause, un compte rendu presque anodin de la rencontre du 11 février. Anodin, parce qu’il ne nous apprend que peu de choses sur l’OTAN si ce n’est que l’opération de formation (avec moins d’effectifs et sans combattants) de l’OTAN en Afghanistan après 2014 porte, pour l’instant, le nom de code « Resolute Control » et que l’OTAN espère que l’UE poursuivra ses efforts concernant la police afghane au-delà de cette date. On y découvre aussi le projet d’un sommet de l’OTAN, adossé au sommet du G8 en juin prochain à Bruxelles.

Le reste de la rencontre semble en revanche s’être concentré sur l’ambition affichée et les demandes réitérées du secrétaire général de l’OTAN de connaître et de participer aux travaux sur les capacités militaires européennes et la politique industrielle et de marché de la défense qui préparent le Conseil européen de décembre 2013. Et là surprise – et émoi de tous ceux qui ont une vision véritablement européenne du dossier – en découvrant que le président de la Commission aurait, sans même consulter les Etats membres, promis à son interlocuteur de partager avec l’OTAN toutes les informations pertinentes (relevant information) concernant la mise en œuvre des directives sur le marché intérieur, la dimension industrielle, la recherche et l’innovation. Le texte ajoute : « En termes de conclusions opérationnelles, il a été décidé que la Commission et l’OTAN organiseront un dialogue plus étroit sur les questions d’intérêt mutuel, notamment dans la perspective du Conseil européen de décembre pour identifier et faciliter les synergies, la complémentarité et la coopération ». Le président de la Commission européenne ne manquera certainement pas de démentir ce compte rendu. Mais on peut comprendre ceux qui se sont d’ores et déjà manifesté sur la route d’Evere et s’apprêtent à le crucifier au Berlaymont. 

Cet article a été préalablement publié comme Edito du n°585 d'EUROPE, DIPLOMATIE & DEFENSE en date du 231février 2013

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