Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par ERASME

Un temps contestée, la notion d'universalité des droits fondamentaux revient en force à l'ONU.

A la faveur des dénonciations qui pleuvent sur le régime retranché de Mouammar Kadhafi, les droits de l'Homme opèrent-ils un retrour sur la scène internationale ? Un tournant est en train de se produire, disent des diplomates et des militants d'organisations non gouvernementales, qui restent cependant prudents. L'effet est peut-être conjoncturel. Le Guide libyen, avec ses manières de fou, a fini par perdre tout soutien à l'étranger, hormis peut-être le président vénézuelien Hugo Chavez.

Les soulèvements démocratiques arabes ont changé la donne. Après des années où " la guerre contre le terrorisme ", l'invasion de l'Irak et, plus généralement, les tensions entre monde musulman et Occident avaient semblé décrédibiliser le message sur les droits de l'homme porté par les démocraties, une nouvelle atmosphère se fait sentir.

La Lybie a été suspendue du Conseil des droits de l'homme, basé à Genève, par un vote unanime de l'Assemblée générale des Nations Unies, mercredi 2 mars. Cette procédure est une première. Aucun des Etats (comme la Russie, la Chine, Cuba, la Syrie, etc.) qui défendent traditionnellement une ligne " souverainiste " opposée à toute ingérence et taxent les Occidentaux de faire "deux poids deux mesures ", ne s'y est opposé.

Plus encore, le Conseil de sécurité de l'ONU - l'instance où la Russie et le Chine ont souvent agi, ces dernières années, comme des remparts de protection pour des régimes répressifs tels que la Birmanie ou le Zimbabwe - a voté à l'unanimité , le 28 février, une résolution inédite : sanctions lourdes contre le pouvoir lybien et activation de la Cour pénale internationale (CPI) en invoquant des " crimes contre l'humanité ". Un vote unanime - du jamais-vu. La CPI s'apprêtait, jeudi 3 mars, à ouvrir une enquête.

Fait notable, le moteur le plus puissant, dans ce retour en force de la lutte contre l'impunité, est venu des pays arabes et africains, alors que nombre d'entre eux avaient critiqué le travail de la CPI concernant le Soudan. " Ce ne sont pas les Occidentaux mais les Africains et les Arabes qui ont conduit l'assaut " contre le colonel Kadhafi, observe un diplomate européen. 

Les révoltes arabes, le renversement des pouvoirs en Tunisie et en Egypte, sur fond de surgissement des sociétés civiles, a créé une dynamique nouvelle. Il y a " une impression de jubilation " commente un diplomate occidental, qui raconte que " des ambassadeurs de pays arables et africains, dans les conversations privées, se mettent à critiquer le régime qu'ils sont censés représenter, et se félicitent d'avoir vu partir des dirigeants autoritaires et dépassées ".

Les valeurs démocratiques sont-elles subitement devenues un terrain d'entente, et non plus de confrontation, entre le Nord et le Sud ? Avec les mouvements pour la liberté survenus dans le monde arabo-musulman, les vieux arguments " culturalistes ", selon lesquels les droits fondamentaux se déclineraient de manière différente d'un continent à l'autre, sont devenus moins audibles.

Le basculement de l'Egypte a été un élément majeur. Pendant l'ère Moubarak, l'Egypte a été un élément majeur. pendant l'ère Moubarak, l'Egypte était, au sein du mouvement des non alignés et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), un des piliers de résistance face à la lecture dite " occidentaliste " des droits de l'homme. Aujourd'hui, le pouvoir égyptien se sait placé sous la surveillance d'une opinion publique arabe animée de fortes revendications. " Il doit en tenir compte ", dit un diplomate.

Un épisode restera sans doute dans les annales de la diplomatie. Le 28 février, à New York, Abdurraham Mohammed Shalgam, le chef de la délégation libyenne auprès de l'ONU, a fait sensation en suppliant les membres du Conseil de sécurité de sanctionner le régime Kadhafi, qu'il a comparé à Pol Pot et à Hitler. Des représentants de pays arabes se sont ensuite jetés dans ses bras, en larmes. " L'ambassadeur russe a tout de suite compris, il a changé de position à 180 degrés et accepté le texte de sanctions ; tandis que le Chinois, désemparé, n'a rien trouvé à dire ", relate un témoin.

Tournant historique oue effet d'aubaine pour les droits de l'homme ? A Genève, où se débattait, le 26 février, l'éviction de la Lybie du Conseil des droits de l'homme, la Russie, la Chine, et plusieurs pays du Sud, notamment d'Amérique latine, ont souligné que els mesures contre le colonel Kadhafi ne devaient en aucun cas constituer un " précédent ". Des précautions pour l'avenir ? Selon un diplomate européen, " quoi qu'ils disent, il ya désormais un précédent ".

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article