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Publié par Patrice Cardot

Valéry Giscard d'Estaing fut, avec l'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, l'un des initiateurs de la monnaie unique. L'ancien président de la République donne son sentiment sur la crise de l'euro dans un entretien au Monde daté mercredi 2 juin.

L'Europe a tenté d'apporter une réponse à la crise mais les marchés restent défiants vis-à-vis de l'euro. L'existence de la monnaie unique est-elle en péril ?

Catégoriquement, non ! L'Europe a été très secouée ces derniers mois, et l'euro a subi une perte de valeur importante. Mais il n'est pas le seul, comparé à d'autres monnaies comme la livre sterling. Et puis, cette baisse est-elle catastrophique? Le niveau auquel se trouve l'euro offre un réel avantage dans la compétition économique internationale.

En fait, je suis assez optimiste. La nécessité d'une union monétaire en Europe reste absolue. Et cette crise pousse les gouvernements de la zone à accomplir un travail fondamental qui aurait été nécessaire dès l'introduction de l'euro: celui d'une meilleure coordination des politiques économiques. Sans cela, on ne peut pas gérer une monnaie commune. Les chefs d'Etat et de gouvernement ont affirmé, le 10mai, qu'ils souhaitaient enfin mettre en œuvre cette concertation.

Comment avez-vous jugé la gestion européenne de la crise ?

Elle n'a pas été brillante. D'abord, l'Europe n'a pas vu venir cette crise des dettes souveraines. Elle n'a pas su mettre en garde ses membres. Et surtout, elle a tâtonné trop longtemps sur la réponse qu'elle devait apporter. Le débat a été porté sur la place publique au lieu d'être traité sur un plan technique, empêchant d'aboutir vite à une conclusion. Toutes ces hésitations ont finalement ouvert la porte à la spéculation.

Cette lenteur a été partiellement le fait de l'Allemagne. Il faut comprendre pourquoi : l'abandon du Deutschmark a été un sacrifice très important pour les Allemands. Plus tard, ils se sont montrés assez réticents à l'élargissement de la zone euro à certains pays. Quand la crise est apparue, ils se sont dit qu'ils avaient eu raison, que ce n'était donc pas à eux de payer la facture.

Mais ce raisonnement était insuffisant, car deux questions se posaient : pouvait-on chasser un pays hors de la zone euro, ou encore le laisser faire défaut sur sa dette ? A chaque fois, la réponse est clairement non. Un mécanisme de soutien était donc inévitable.

Qu'en est-il du couple franco-allemand ?

Nous assistons malheureusement à un recul de l'intimité franco-allemande. A mon époque, toutes les déclarations étaient faites en commun. Aujourd'hui, beaucoup de décisions sont prises sans concertation. Si l'on veut avancer en Europe, il faut absolument retrouver cette intimité.

Retrouver l'intégralité de l'entretien dans l'édition abonnés

 

 

 

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