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Publié par Patrice Cardot

Un article publié sur ce blog soulève la question fondamentale suivante : Où en est "notre " Europe ? (cf. Où en est Notre Europe ! Un regard collectif sous la direction de Michel Rocard et Nicole Gnesotto (nouvelle édition) ).

Pour Elisabeth Guigou et Yves Bur : " L'Europe a appris à Copenhague que le pouvoir doux d'une puissance normative fragmentée ne suffisait pas à influencer un monde de puissances globales dures. " (cf. La réforme de la gouvernance de la politique extérieure de l'Union européenne (Rapport d'information parlementaire d'E. Guigou et Y. Bur) )

De son côté, Jacques Delors analyse la situation de l'Europe avec circonspection, formulant à la fois des regrets et des espoirs (cf. Analyse, regrets et espoirs de Jacques Delors à propos de l'évolution et des difficultés de la construction européenne - nouvelle édition - ).

Comment ne pas nous associer à Renaud Dehousse lorsqu'il s'interroge dans la conclusion de son ouvrage éponyme : l’action de L’Union répond-elle aux attentes des citoyens ? (cf. L’action de L’Union répond-elle aux attentes des citoyens ? par Renaud Dehousse ) : " Il existe bel et bien une « demande d’Europe ». Si son étude est entravée par les changements à répétition des enquêtes Eurobaromètre menées pour la Commission, elle n’en révèle pas moins des tendances stables.

Globalement, les Européens s’y montrent plus soucieux d’encadrer le marché que de mettre en place les règles relatives à la libre circulation, même si un examen pays par pays révèle des variations parfois sensibles à ce propos. La crise économique et financière actuelle devrait logiquement accentuer cette tendance. En revanche, la production législative, reflètant les missions attribuées à l’Union par les traités, est plus centrée sur l’intégration économique.

Certes, la mesure de l’écart entre l’offre et la demande que met en évidence notre analyse demande à être affinée. Il faudrait notamment pouvoir mesurer le contenu des actions entreprises au niveau européen, leur visibilité dans les médias, l’opinion que peuvent en avoir les citoyens. Mais l’argument peut être renversé : si les priorités des institutions ne cadrent pas avec celles des citoyens, comment espérer que les seconds se reconnaissent dans l’action des premières ? A supposer même que rien dans les mesures qui sont prises ne leur déplaise (ce qui, reconnaissons-le, constitue une hypothèse optimiste), on peut difficilement s’attendre à ce qu’ils éprouvent de la reconnaissance envers ceux qui sont responsables des mesures en question.

Il est tout aussi difficile d’escompter que l’Europe puisse tirer parti des « résultats » que son action a permis d’atteindre. Dans le meilleur des cas, ceux-ci ne seront portés à son crédit qu’à plus long terme.

Dans ces conditions, la baisse régulière du taux de participation aux élections européennes n’a rien pour surprendre. Pourquoi les électeurs se passionneraient-ils pour une consultation qui ne leur permet pas de peser sur la désignation de l’exécutif, ou pour un système politique dont les priorités leur paraissent éloignées des leurs ? Pour redonner du sens au vote européen, il faut trouver une façon de donner plus de poids aux préférences des citoyens, que ce soit en leur permettant d’exprimer leurs préférences quant au choix du président de la Commission, comme l’a proposé Notre Europe, ou en réfléchissant à une réforme des dispositions qui réservent à la Commission l’initiative en matière législative. Et les électeurs eux-mêmes peuvent s’ériger en acteurs du changement en apportant leur voix à des candidats qui s’engageraient à utiliser la panoplie des pouvoirs dont disposent les parlementaires pour défendre la vision de l’Europe à laquelle ils adhèrent. "

Ce regard collectif porté sur l'Europe ne manque pas d'interpeller toutes celles et tous ceux qui ont l'intime conviction que l'avenir des Européens sera le produit des avancées concrètes d'une Union dont la construction ne cesse d'être entravée par des mouvements qui tentent de la fragmenter.

Portons maintenant une attention particulière aux impressions du sens de la Déclaration Schuman 60 ans après le 9 mai 1950 dont ont fait part Jerzy Buzek, Sylvie Goulard, Elie Barnavi et d'autres personnalités européennes à l'occasion de la journée de l'Europe, le 9 mai 2010. Prononcée seulement cinq ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, ils en soulignent le caractère inédit et révolutionnaire. Selon eux, le courage de cette main tendue aux Allemands, la force de la paix, l'esprit de réconciliation et de solidarité restent des fondements essentiels de notre Union aujourd'hui (cf. http://www.20minutes.fr/article/403201/Monde-C-est-quoi-aujourd-hui-pour-vous-la-declaration-Schuman.php).

Je me limiterai à ne reproduire ici que le regard posé par Élie Barnavi, Historien et essayiste, Conseiller scientifique auprès du Musée de l’Europe, Bruxelles, Ancien ambassadeur d’Israël à Paris, tellement il exprime en des termes aussi simples que puissants un sentiment que je partage.

" 60 ans après cette déclaration est… une révolution, tout simplement. «Les propositions Schuman, écrit leur inspirateur, Jean Monnet, dans une lettre à Harold MacMillan, sont révolutionnaires ou elles ne sont rien.»

Révolutionnaire, d’abord, la vision d’un ordre international inédit, fondé non sur l’équilibre des puissances, nécessairement fauteur de guerres, mais sur la mise en commun des intérêts et des ressources.

Révolutionnaire, ensuite, la manière de traiter le vaincu, admis à la table du vainqueur, d’égal à égal, et invité à participer à une initiative constructive conjointe.

Révolutionnaire, aussi, la méthode communautaire imaginée par Monnet et ses amis, que «l’inspirateur» résume ainsi dans ses Mémoires: «Créer progressivement entre les hommes d’Europe le plus vaste intérêt commun géré par des institutions communes démocratique auxquelles est déléguée la souveraineté nécessaire.»

Révolutionnaires, enfin, les potentialités de cette nouvelle conception des relations entre nations. Ce que la Déclaration Schuman annonçait en fait, c’est tout bonnement le premier empire démocratique de l’histoire, c’est-à-dire un ensemble bâti non sur la domination d’un peuple et l’ambition d’un homme, mais sur la libre volonté des nations qui s’y agrègent.

Oui, c’est bien une révolution qu’accomplissaient les gentlemen mûrs et compassés qui portaient l’Europe sur les fonts baptismaux. Leurs épigones, hélas, semblent l’avoir oublié. "

Enfin, dans cette première partie, il me semble que donner la parole à Pierre Defraigne, l'ancien chef de cabinet de Jacuqes Delors à la présidence de la Commission européenne revêt un intérêt tout particulier : " Le basculement de l’économie mondiale vers l’Asie et la pression sur le climat et les ressources placent l’Europe, plus pertinente que jamais mais impréparée, devant ce double défi. Même les eurosceptiques devront convenir, sous la pression des évènements, qu’un nouveau progrès de l’intégration politique est nécessaire. A ce stade c’est moins affaire d’institutions que de projet. Tout se joue au niveau de la zone euro. Car son effondrement romprait l’unité du grand marché, et ôterait à l’UE sa capacité de jouer un rôle dans le nouvel ordre mondial. " (cf. L’Europe dans l’étau de la crise, par Pierre Defraigne (Madariaga Paper, Vol. 3, No. 4 - July 2010) )

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Pour la suite de cet article, voir :

 * De la fragmentation politique d'une Union européenne toujours en quête d'un projet politique clair et d'un leader charismatique (2) - nouvelle édition -

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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