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Publié par Patrice Cardot

Selon un rapport commandé par la Commission européenne à une équipe d'experts indépendants, qui est disponible à l'adresse suivante : http://ec.europa.eu/justice_home/doc_centre/drugs/studies/doc_drugs_studies_fr.htm, les dix années de politiques mondiales du lutte contre la drogue n'ont pas pu enrayer ce fléau.
"Aucun élément ne fait apparaître une diminution du problème mondial de la drogue sur la période allant de 1998 à 2007" et ce malgré l'intensification des politiques de lutte anti-drogue. Les auteurs de ce rapport jugent que le phénomène mondial de la drogue est devenu encore "plus complexe".
Alors que les producteurs et les revendeurs sont sévèrement punis, "les prix des drogues ont chuté de pas moins de 10 à 30 % depuis 1998", et "aucun élément ne donne à penser que qu'il est plus difficile de se procurer de la drogue", souligne le rapport.
La publication de ce document a coïncidé avec l'ouverture à Vienne d'une réunion des 53 Etats membres de la Commission des stupéfiants de l'ONU, destinée à tirer le bilan de dix années de politiques mondiales anti-drogues lancées par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1998. "La majorité des dommages observés proviennent des politqiues menées, plutôt que des drogues elles-mêmes", a indiqué le Professeur Peter Reuter, qui a dirigé les recherches nécessaires à l'établissement dudit rapport. S'il est "très difficile d'établir l'effet d'une répression accrue sur les quantités (disponibles sur le marché) et les prix", la lutte anti-drogue a, en revanche, pour effet d'aggraver la corruption et la grande criminalité, et de multiplier les risques sanitaires pour les consomateurs, selon les experts, qui se gardent toutefois de formuler des recommandations.
"D'une manière générale, la situation s'est légèrement améliorée dans certains des pays les plus riches alors qu'elle a empiré dans d'autres, de façon parfois brutale et importante, notamment dans quelques grands pays en développement ou en transition", souligne le rapport.
Suggérant que l'ère du tout répressif n'a pas abouti, l'étude considère que l'une des conclusions importantes est que les politiques de réduction des risques gagnent du terrain dans un nombre croissant de pays qui les considèrent comme "un moyen efficace de réduire les maladies, les troubles sociaux et la mortalité liés à la drogue". Selon le professeur Reuter : "Des pays jadis très réticents comme la France et la Suède, et même l'Iran et la Chine, ont adopté des programmes de distribution de méthadone". Selon lui, cela a plus contribué que la répression au léger tassement de la consommation en Europe et aux Etats-Unis de drogues dures, par ailleurs en pleine expansion en Russie et en Asie centrale.
Le rapport donne également un aperçu des fondamentaux économiques du marché mondial des drogues illicites, avec des estimations de coûts de production et de valeur ajoutée d'un bout à l'autre de la chaîne, de la production initiale à la vente au détail finale.
Dans beaucoup de pays occidentaux, l'usage de cannabis chez les jeunes s'est banalisé et près de 50 % des personnes nées après 1980 y ont au moin goûté. La majorité d'entre elles cesse toutefois d'en consommer passées les premières années de l'âge adulte.
L'étude apprend également que des politiques spécifiques de lutte contre la production de drogue peuvent avoir des répercussions sur les zones de production. Ainsi, au cours de la dernière décennie, une partie de la production de cocaïne s'est déplacée du Pérou et de la Bolivie vers la Colombie.
Le rapport décrit enfin les faiblesses du système international de collecte des données et des informations sur le problème mondial de la drogue. Alors que l'Union euroépenne a investi de grandes sommes d'argent pour continuer à développer ses activités de suivi du phénomène des drogues par l'intermédiaire de son Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), il est "utopique" d'espérer que des mécanismes d'information de ce type se mettent en place au niveau international, expliquent les experts.

 

 

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