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Publié par Patrice Cardot

La mise en place aux Etats-Unis de politiques budgétaires et monétaires extrêmement expansionnistes conduit à s’interroger sur la nature et le degré de sévérité de la perte de confiance qu’elles peuvent entraîner. Il faut tenircompte de la situation particulière des Etats-Unis : la stabilisation du dollar impose aux Banques Centrales de beaucoup de pays d’accumuler des actifs en dollars si le déficit extérieur des Etats-Unis augmente :

 * 
la dégradation de la qualité de la dette publique (déficits publics trop élevés, achats d’actifs risqués par le Trésor…) conduit les investisseurs à préférer de plus en plus les actifs privés aux actifs publics. Ceci ne pose pas de problème aux Banques Centrales : le soutien du dollar peut se faire par l’achat de titres privés en dollar. Le résultat de ce premier stade de la perte de confiance dans le dollar est une hausse des taux d’intérêt sur les dettes publiques par rapport aux dettes privées ;

 * la dégradation de la qualité de l’actif de la Réserve Fédérale, avec les
multiples programmes d’achats d’actifs risqués peut entraîner une perte de confiance d’une nature différente : dans la monnaie émise par la Réserve Fédérale. Ceci peut déclencher un phénomène de fuite devant la monnaie : les agents économiques se débarrassent de la monnaie et achètent des actifs réels (immobilier, entreprises, matières premières, biens durables…), ce qui déclenche une forte hausse des prix des actifs réels (qu’on peut appeler « hyper inflation »).


S’il y a rejet de la monnaie dollar aussi par les Banques Centrales des pays
excédentaires, alors la stabilité du taux de change du dollar ne peut plus être maintenue. Dans une première phase, si la fuite devant la monnaie dollar ne concerne que les agents économiques privés, la détention d’actifs en dollars par les Banques Centrales doit considérablement augmenter. ... / ...
La suite de cette note est disponible ici-même dans sa version .pdf : ArtusDollar.pdf ArtusDollar.pdf

NDLR : Patrick Artus, spécialiste français en Économie internationale et en Politique monétaire
, est directeur de la Recherche et des Études de Natixis. Il est également professeur à l'École Polytechnique, professeur associé à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, membre du Conseil d’analyse économique, du Cercle des économistes et membre de la Commission économique de la Nation. Il est ancien administrateur de l'INSEE.

Il écrit régulièrement des chroniques et points de vue dans Le Monde et Les Échos.

Patrick Artus s'est notoirement rendu célèbre dans le milieu des marchés financiers pour la note suivante datée du 22 Mars 2007 :
Les Marchés financiers croient n'importe quoi Natixis_flash_marches.pdf Natixis_flash_marches.pdf  où il affirme : " Les corrections successives des marchés d'actions en février-mars 2007 sont liées à une série de craintes des marchés :

  •  - la liquidité va se raréfier (fin du "carry trade") ;
  •  - l'économie chinoise va fortement ralentir ;
  •  - il peut y avoir une récession aux Etats-Unis ;
  •  - la profitabilité va se retourner à la baisse ;
  •  - la crise du crédit immobilier "subprime" (et des crédits à taux variables, ARMs) aux Etats-Unis va déclencher une crise bancaire et financière.

Or, toutes ces affirmations sont fausses. La crédulité et l'absence de sang froid des marchés financiers sont donc remarquables. " Il s'avèrera par la suite que ces 5 affirmations présentée comme érronées se réalisèrent ...


Il a également produit une note intéressante à maints égards intitulée : " la 'catastrophe' de 2011 : une grave crise de l'endettement. " où il évoque un scénario noir pour l'avenir proche. En 2011, le monde pourrait connaître une crise profonde de l'endettement. Ce scénario n'est pas très optimiste, c'est le moins de l'on puisse dire. Pour autant, attirer l'attention sur le fait que ce type de figure de l'avenir pourrait se réaliser, peut nous conduire à l'éviter. Ce n'est pas en fermant les yeux aux figures du possible, aussi pessimistes soient elles, qu'on peut choisir de construire une autre " histoire " de l'avenir. Patrick Artus ne nous invite pas à l'inaction, il semble plutôt combiner " le pessimisme de la raison et l'optimisme de la volonté ". Pour l’auteur, en résumé,  la « catastrophe » de 2011 a les composantes suivantes : 
- progressivement, dans quelques années, l’effet inflationniste qui vient de la hausse des prix des matières premières va l’emporter sur les autres effets désinflationnistes de la globalisation ;

Il est utile de relever également que, préalablement à la parution de ces notes (en février 2007), Patrick Artus a également fait paraître un livre intitulé : " Le capitalisme est entrain de s'autodétruire ", livre qui est curieusement passé inaperçu dans le landernau de la finance internationale !

  - les banques centrales réagiront à ces pressions inflationnistes, à la différence de ce qui s’était passé dans les années 1970, et il y aura donc une hausse des taux d’intérêt réels (que n’anticipent pas encore les marchés) avec des politiques monétaires plus restrictives ;
  - il y aura donc crise grave de l’endettement (la « catastrophe de 2011 »), puisque les taux d’endettement sont devenus très élevés dans la période où la globalisation était désinflationniste, et où les taux d’intérêt étaient bas, et seront incompatibles avec les taux d’intérêt réels qui apparaîtront dans le futur (admettons qu’il s’agit de 2011). 
(cf. NATIXIS, Patrick ARTUS, Flash Economie, n°376 du 10 octobre 2007 ).
Nb : Il a publié un nouvel article dédié à ce sujet dans l'édition du quotidien Le Figaro en date du 10 septembre 2009.
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