Délocalisations et relocalisations d'activités industrielle ne sont pas incompatibles avec une véritable politique industrielle ! A certaines conditions !
Contrairement à certaines idées reçues, ou à certaines craintes compréhensibles bien qu'infondées, délocalisations ou relocalisations d'activités ne sont pas incompatibles avec une véritable politique industrielle ! A certaines conditions, naturellement !
Chercher à titer parti de relations politiques, économiques et culturelles privilégiées, vouloir asseoir une position stratégique à la fois sur la stabilité politique d'un régime, sur un système éducatif, professionnel et scientifique de qualité, sur une parité monétaire favorable autant que sur le génie propre à une nation, n' a rien de contradictoire avec le souci de s'inscrire en conformité avec la logique qui gouverne la promotion et la sauvegarde des intérêts nationaux sur les registres industriel et technologique du pays dans lequel son propre siège social est implanté, dès lors que la relocalisation ou la délocalisation d'activités industrielles n'occasionne pas une perte de tout ou partie de la maîtrise des savoirs et savoirs-faire critiques pour l'entreprise mère autant que pour le pays d'origine.
La mondialisation économique et financière s'est accompagnée d'une élévation de la qualité de l'offre internationale de compétences et de savoirs faire en dehors des champs géographique et socio-économique traditionnels de la production industrielle, à savoir les pays situés au nord d'un certain parallèle et à l'ouest d'un certain méridien (que chacun peut déterminer à sa guise).
Les investissements internationalement mobiles, les programmes d'ajustement structurels de la Banque mondiale et du FMI, le développement de la démocratie libérale, les stratégies internationales des sociétés multinationales, les systèmes multimédias de haute technologie ont rendu en effet possibles cette évolution inéluctable du paysage des compétences indispensables à la réalisation, au meilleur rapport coût/efficacité, des différents segments d'activités qui déterminent l'activité industrielle de l'amont à l'aval de la chaîne de la valeur !
Mais pour autant, toutes ces délocalisations et/ou relocalisations que l'on observe aujourd'hui n'ont pas le même intérêt du point de vue d'une politique industrielle, qu'elle soit nationale ou européenne.
Celles qui s'accompagnent d'un asséchement des compétences domestiques, et partant, d'une perte d'activités à terme qui peut rapidement revêtir un caractère durable préjudiciable à l'intérêt national pensé d'un point de vue global (cf. à cet égard l'article intitulé De la définition et de la défense des intérêts nationaux (nouvelle édition) ), y compris en termes d'emplois et de revenus pour l'Etat, sont contestables dès lors qu'on les examine de ce seul point de vue.
N'oublions pas que ce fut le cas jadis, en France, dans le domaine des constructions navales, comme dans celui des machines-outils, et pourraient rapidement le devenir dans le domaine des bureaux d'études industrielles si leurs "déménagements", favorisés par une exportation intense des instruments critiques de CFAO, ne sont pas soigneusement "réfléchis" et "régulés".
Les logiques et stratégies de court terme peuvent coûter très cher à une nation ! Or ce souvent celles qui sont décidées par des directoires et approuvées par des actionnaires d'entreprises mondialisées qui, en outre, n'hésitent pas à délocaliser les bénéfices qu'elles réalisent dans des paradis fiscaux, pénalisant ainsi doublement la nation dont elles sont issues.
Il appartient à ceux qui sont en charge du développement d'une véritable politique industrielle européenne de remédier à cette situation dans les secteurs d'activités les plus menacés de paupérisation, voir même d'extinction !
De nombreuses déclarations d'intention se sont manifesté en ce sens ! Dont acte !
Pour en savoir plus à ce sujet, le lecteur peut consulter les articles suivants :
* " Pour une Europe qui protège ", par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel
* La stratégie révisée de l'Union européenne pour le développement durable
* Le développement capacitaire de l’UE : créer le désir … et veiller à préserver l'outil industriel européen
* Huit défis pour demain, par Nicolas Baverez (Le Monde Economie)
* Union européenne : pour une approche intégrée en matière de politique industrielle européenne
* Règles communes régissant le contrôle des exportations de technologie et d’équipements militaires
* Pour éviter le déclassement de l'Europe, par Pierre Lellouche
* Les Européens ont voté pour que la crise continue, par Michel Rocard
* L'enjeu des politiques de prix de transfert ... et ceux de leurs contournements
* A la recherche d'une protection efficace des technologies !
* Les promesses du codéveloppement
* Du pari des transferts de technologie !
* Intelligence économique : comment protéger l'information stratégique ?
* Quelle politique industrielle européenne ? (Gaël Giraud - Le Figaro)
* La crise fait chuter les flux migratoires dans le monde, de Marie Bellan (Les Echos)
* La grande misère des politiques économiques en Europe ! Le point de vue de Michel Aglietta
- s'agissant plus particulièrement de la France :
* De la désindustrialisation de la France
* Le patrimoine de la France stagne, par Cécile Crouzel (Le Figaro)
* Nicolas Sarkozy présente sa nouvelle politique industrielle (Reuters)
* Conclusion des Etats généraux de l'industrie
* Le suicide collectif en guise de politique industrielle (Airy Routier)
* Quelle compétitivité stratégique pour la France au XXIème siècle (CID-ENA-HEC)