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Publié par Nicolas Gros-Verheyde

L'Allemagne qui, ces dernières années a été plutôt timorée sur l'Europe de défense, tend à vouloir reprendre le flambeau de la PSDC de façon plus ambitieuse. L'allocution de Guido Westerwelle, le vice-Premier ministre allemand et ministre des Affaires étrangères, lors de la conférence de Münich sur la sécurité, le 6 février 2010, mérite l'attention (cf. Rede von Guido Westerwelle auf der 46. Münchner Sicherheitskonferenz).

En effet, G. Westerwelle remet non seulement en avant des objectifs importants pour la défense : partage et répartition des tâches, capacité indépendante de gestion des crises, il fixe un objectif à long terme : mettre en place l'armée européenne. Et surtout il définit la défense comme un objectif politique d'une Europe plus puissante sur le plan international et plus intégrée au niveau interne.

A l'écouter, le projet de PSDC pourrait être, un peu comme l'a été le Marché unique, un projet moteur qui permettrait à l'Europe d'avancer. Il réfute également toute critique de possible doublon avec l'OTAN, estimant que la contribution de la défense européenne est, justement, une contribution au partenariat euro-atlantique. Enfin, il estime nécessaire de réfléchir sur la proposition russe d'un nouveau cadre de sécurité européenne. Après le Livre vert britannique sur la défense (cf.Adaptability and Partnership : Issues for the Strategic Defence Review Presented to Parliament by the Secretary of State for Defence (By Command of Her Majesty) - February 2010)
qui est d'une autre teneur (mais pas sans intérêt), voici le deuxième grand Etat européen à se positionner, en quelques jours, sur la défense européenne.

L'Europe doit être à la hauteur des enjeux
« Le gouvernement allemand veut avancer sur ce chemin (de la défense commune). L'objectif de long terme est l'établissement d'une armée européenne sous le plein contrôle parlementaire. L'Union européenne doit être à la hauteur de son rôle politique d'acteur mondial. Cela signifie qu'elle soit capable de gérer des crises de façon indépendante. Cela signifie aussi qu'elle soit disponible pour répondre rapidement, de façon flexible et avec une position unique. Pour réaliser cela, cependant, (l'UE) doit être capable de mettre en commun ses ressources de définir des priorités et de répartir ses responsabilités, même en des temps où les moyens sont de plus en plus rares ».

La Défense un projet d'intégration européenne. « La "coopération structurée permanente" envisagée par le Traité de Lisbonne (cf. Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) : La coopération structurée permanente (CSP)) fournit une possibilité d'avancer ensemble avec des Etats membres différents afin de continuer à développer une vision de l'Europe. Le projet de la politique de défense et de sécurité commune de l'UE agira comme un moteur d'une plus grande intégration européenne »
.

La défense européenne n'est pas dirigée contre l'OTAN. « Nous voulons une gestion de crise européenne. L'intention n'est pas de remplacer les autres structures de sécurité (NB : l'Otan). Davantage d'Europe n'est pas une stratégie dirigée sur quelqu'un en particulier. Il n'y a pas de raison de craindre l'Europe. Mais tout le monde devrait pouvoir compter sur l'Europe. La PSDC est la réponse de l'Europe à la mondialisation. C'est notre contribution au partenariat de sécurité Euro-Atlantique. » explique le Ministre. Et d'ajouter : «L'OTAN, aussi, cherche de nouvelles réponses à la mondialisation. Nous soutenous son travail sur un nouveau concept stratégique qui voit la sécurité dans un contexte politique global. Cela, aussi, appuiera le partenariat de sécurité euro-atlantique. »

Un accord doit se faire avec la Russie. Au passage, le ministre allemand affiche sa différence avec la position américaine sur le projet russe de sécurité. « Le partenariat stratégique avec la Russie n'est pas seulement une des clés de la sécurité européenne, elle aussi vitale pour résoudre les problèmes mondiaux. Nous voulons un partenariat et nous voulons continuer à le développer dans des zones où nous avons des intérêts communs. Cela inclut une discussion substantielle sur les propositions de sécurité européenne présentées par le président Medvedev ». Une position substantiellement différente de la
position d'Hillary Clinton, la Secrétaire d'Etat américaine qui, à Paris fin janvier, ne cachait pas son scepticisme sur cette proposition.

Cet article reprend l'essentiel des éléments d'un article éponyme publié le 7 février sur le blog www.bruxelles2.eu

Voir également l'article de ce blog intitulé : L'Allemagne ne va-t-elle pas donner le 'la' à l'Union européenne ?









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