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Publié par ERASME

La décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie et d'imposer des sanctions après huit mois de troubles pourrait augurer de mesures internationales plus sévères à l'encontre de Damas, mais ne devrait pas déboucher sur une intervention militaire de l'Occident.

Contrairement au scénario libyen, lorsque l'organisation panarabe avait sollicité en mars l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne sur le pays, préparant le terrain à une intervention de l'Otan, les mesures prises samedi par la Ligue ne prévoient pas de requérir l'usage de la force.

Elles renforcent néanmoins la main des puissances occidentales, qui réclament une position de l'Onu plus sévère face à la répression des manifestations anti-Assad.

Ces mesures devraient aussi donner du baume au coeur des manifestants qui défient depuis mars le régime syrien, inspirés par les soulèvements victorieux de Tunisie, d'Egypte et de Libye.

" Nous ne voulons pas d'intervention étrangère ", a souligné Hamad Bin Djassim al Sani, Premier ministre du Qatar en annonçant la décision de la Ligue au Caire. " Il n'est pas question d'armer (l'opposition) ni d'appeler à une zone d'exclusion aérienne. Personne à la Ligue ne parle de cela. "

Il n'en reste pas moins que les mesures annoncées de la part de pays traditionnellement réticents à s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres Etats membres accentuent fortement la pression sur le régime du président Bachar al Assad.

Damas ne s'y est pas trompé en réagissant avec colère à sa suspension des instances de la Ligue, approuvée par les chefs de la diplomatie de 18 des 22 pays membres. Le pays affirme que de telles décisions ne peuvent être prises qu'à l'unanimité et accuse l'organisation d'appliquer un programme anti-syrien et pro-occidental.

La Syrie est déjà sous le coup de sanctions prononcées par les Etats-Unis et l'Union européenne à l'encontre de ses exportations pétrolières et de plusieurs entreprises d'Etat.

SANCTIONS ÉCONOMIQUES

Le Premier ministre du Qatar n'a pas détaillé les sanctions économiques envisagées par la Ligue à l'encontre de la Syrie, alors que le pays doit déjà subir cette année un sévère retournement à la baisse de son économie, que les recettes du tourisme se sont asséchées, que le commerce a chuté, que la production pétrolière a plongé et que les autorités ont bien du mal à trouver des acheteurs pour leur pétrole.

Des sanctions commerciales globales seraient dévastatrices pour le pays, mais elles seraient aussi difficiles à appliquer.

" Un embargo total traduirait une escalade spectaculaire et serait surprenant. Ce serait reconnaître clairement qu'ils veulent destituer le régime et non pas seulement le forcer à faire des concessions ", a déclaré Chris Phillips, spécialiste du Moyen-Orient à l'Unité d'intelligence économique (EIU).

" Je pense que c'est très improbable. Même avec une volonté politique, ce serait difficile à appliquer sur le plan logistique ", a t-il affirmé, ajoutant que la Turquie voisine et l'Irak dépendaient tous deux du commerce de transit syrien pour leurs exportations et leurs importations.

"UN MESSAGE CLAIR À LA CHINE"

Mais selon Chris Phillips, la décision de suspension de la Ligue arabe pourrait d'une certaine façon amener la Chine à assouplir son opposition à une résolution de l'Onu qui condamnerait la répression syrienne.

" C'est un message clair à la Chine : vous n'avez pas besoin de soutenir Assad pour continuer à être du côté (des pays arabes) ", a t-il dit. " Si la Chine pouvait être influencée, cela mettrait la pression sur la Russie et son veto. "

Malgré l'augmentation de la pression internationale, peu d'experts pensent qu'Assad renoncera à réprimer ceux qu'il estime être à l'origine de la violence en Syrie.

" S'il continue simplement à ne pas tenir compte des signes envoyés par le monde arabe et la communauté internationale, ce sera de plus en plus dur pour lui ", a déclaré Rami Khouri, directeur de l'Institut Issam Fares de Beyrouth.

En l'absence d'avancées, la Ligue arabe pourrait selon lui accroître sa prise de contacts avec l'opposition avant de " ne plus parler qu'à l'opposition comme seule représentante légitime du peuple syrien. " Toujours selon Rami Khouri, elle pourrait également faire appel à des organisations arabes pour fournir "une certaine forme de protection" aux civils syriens. Mais il exclut l'idée qu'une intervention de l'Otan puisse avoir lieu.

Le rôle central de la Syrie dans la politique du Moyen-Orient rend les puissances occidentales très hésitantes à intervenir.

Mélange complexe d'ethnies et de croyances, alliée avec Téhéran et avec des groupes d'activistes comme le Hamas et le Hezbollah, la Syrie est toujours théoriquement en guerre contre Israël, qui s'est emparé du plateau du Golan en 1967.

 

Source : Reuters

 

 

 

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