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Publié par ERASME

Ne soyons pas naïfs : les chemins de la démocratie sont rarement pavés de roses. Les deux pays "modèles" du "printemps arabe", la Tunisie et l'Egypte, n'échappent pas à la règle. Ils sont dans la tourmente, comme l'ont encore manifesté les événements du week-end. Ce n'était pas inattendu.

Si, à Tunis comme au Caire, des régimes dictatoriaux ont cédé le pas sans trop de sang versé, la transition vers la démocratie n'y est pas moins difficile. Mais il faut toute l'impatience d'un consommateur européen, habitué à être servi à la nanoseconde, et pour qui le rythme de l'Histoire se confond avec celui d'une série télévisée, pour s'étonner que la Tunisie et l'Egypte ne soient pas déjà des social-démocraties scandinaves !

Cela prendra du temps, mieux vaut s'y faire. A la dictature succède en général une phase plus ou moins chaotique. La démocratie relève de l'évolution - pas de la révolution ; elle ne se décrète pas - elle s'installe lentement.

Et dans l'insistance de certains à pointer d'ores et déjà les "ratés" de la transition égyptienne et tunisienne, il y a quelques relents de ce que les Allemands appellent la Schadenfreude - ce "on vous l'avait bien dit que ça allait mal tourner" des éternels nostalgiques de l'ordre passé.

Les nouvelles venues d'Egypte et de Tunisie n'en sont pas moins inquiétantes.

Au moins douze personnes ont été tuées, des centaines d'autres blessées et deux églises brûlées au Caire, dans la nuit du samedi 7 mai, lors d'affrontements entre chrétiens et musulmans. Ce type d'incidents sanglants - dont sont en général victimes les coptes - n'est pas nouveau : il y en avait du temps d'Hosni Moubarak. Mais la lenteur de la réaction de la police témoigne d'un climat de sécurité durablement dégradé, alors que l'Egypte va entrer en campagne électorale.

Les événements de Tunisie reflètent également une phase de doute et d'insécurité. Le gouvernement s'est résolu à déclarer samedi le couvre-feu à Tunis et dans sa banlieue. La mesure a été décidée après quatre jours de manifestations antigouvernementales suivies de pillages au coeur de la capitale et dans la banlieue nord.

Elle intervient alors qu'un ancien ministre a évoqué la possibilité d'un coup d'Etat militaire si le scrutin prévu pour l'élection d'une Assemblée constituante, le 24 juillet, donnait la victoire aux islamistes.

En Tunisie comme en Egypte, la difficile transition politique en cours a lieu sur fond de difficultés économiques grandissantes. L'effondrement du tourisme y est pour beaucoup. La croissance a chuté dans les deux pays, le chômage des jeunes augmente, la pauvreté aussi, créant un terrain favorable à l'extrémisme politique.

L'Egypte et la Tunisie sont emblématiques de ce que le "printemps arabe" a porté de meilleur. Un échec serait une victoire pour les dictateurs de la région. Les pays du G8, qui se réunissent fin mai à Deauville, doivent dégager rapidement une aide massive au profit du Caire et de Tunis.

 

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